Le président des Etats-Unis, Donald Trump, est applaudi après son allocution solennelle prononcée devant le Congrès amériain, le 28 février, à Washington. | POOL / REUTERS

L’administration Trump s’apprêterait officiellement à tourner le dos au multilatéralisme grâce auquel l’économie américaine a prospéré ces dernières décennies dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon un document de travail révélé mardi 28 février par le Wall Street Journal, les Etats-Unis auraient décidé de donner désormais la priorité aux lois américaines sur les règles internationales pour lutter contre les pratiques commerciales de leurs partenaires qu’ils jugeraient déloyales.

L’objectif, selon ce document, serait de renforcer l’application des lois américaines sur le commerce et d’employer « tous les leviers possibles pour encourager les autres pays à ouvrir leurs marchés ». Il s’agit, ni plus ni moins, de l’application de la rhétorique que Donald Trump a maniée tout au long de sa campagne et qui lui a permis de battre Hillary Clinton. Mais une grande partie de la majorité républicaine espérait toutefois que le président, une fois élu, modère ses orientations protectionnistes.

Les subventions chinoises à l’aluminium dans le collimateur

Visiblement en vain. « Le peuple américain a été frustré par notre politique commerciale précédente, non parce qu’il a cessé de croire au libre-échange et à l’ouverture des marchés, mais parce qu’il a rejeté la façon dont fonctionne le cadre des règles régissant le commerce international », explique le document. Lequel donne une direction claire à ce que pourra être la politique américaine en matière de libre-échange, même si les accents anti-OMC pourraient être adoucis dans la version qui devait être rendue publique mercredi, selon une source citée par le Wall Street Journal.

Selon la loi américaine, les grandes orientations en matière de commerce doivent être fournies par le président au Congrès d’ici le 1er mars. « Les Américains ne sont soumis qu’aux lois des Etats-Unis et non aux décisions de l’OMC, indique le projet de document. L’administration Trump défendra énergiquement la souveraineté américaine sur les questions de politique commerciale. »

Les Etats-Unis pourraient très vite passer de la théorie à la pratique. En effet, après avoir refusé à la Chine le statut d’« économie de marché » en décembre 2016 pour le quinzième anniversaire de l’adhésion de Pékin à l’OMC, Washington s’est gardé la possibilité d’imposer des taxes douanières punitives sur le pays. Par ailleurs, l’administration Obama avait contesté les subventions chinoises accordées à la production d’aluminium. La nouvelle administration pourrait durcir le ton en prenant des mesures de rétorsion pour contester ces pratiques. Quoi qu’il en soit, le commerce mondial semble entrer dans une nouvelle ère.