Jeff Sessions, le ministre américain de la justice, à Washington le 28 février. | Zach Gibson / AFP

L’histoire bégaye à la Maison Blanche. A peine deux semaines après la démission du conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, pour avoir caché ses contacts avec l’ambassade de Russie aux Etats-Unis, le Washington Post révèle, dans son édition du jeudi 2 mars, que le ministre de la justice Jeff Sessions, poids lourd du gouvernement de Donald Trump, s’est entretenu deux fois avec l’ambassadeur de Russie Sergey Kislak, avant la victoire du candidat républicain.

Citant des sources anonymes du ministère de la justice, le quotidien précise que les deux rencontres ont eu lieu en juillet et en septembre 2016, une période durant laquelle M. Sessions était un membre influent du comité sénatorial des forces armées et opiniâtre soutien du candidat milliardaire. Lors de son audition au Congrès en janvier, l’ancien procureur général de l’Alabama avait nié tout contact entre des membres de l’entourage de Donald Trump et des officiels russes. « Je ne connais aucune de ces activités, avait-il affirmé sous serment. J’ai été appelé pour aider une fois ou deux dans cette campagne et je n’ai pas eu de communication avec les Russes. »

Eventuelle ingérence de la Russie

Ces nouvelles révélations diffusées quelques heures à peine après le discours du président au Congrès tombent au plus mal pour l’administration Trump. Elles pourraient accélérer la nomination d’un enquêteur spécial pour tenter de faire la lumière sur une éventuelle ingérence de la Russie dans la campagne électorale de 2016. En tant que procureur général, Jeff Sessions supervise le ministère de la justice et le FBI qui ont, tous deux, mené des enquêtes sur l’ingérence de la Russie et ses liens supposés avec certains membres de l’équipe Trump. Une position qui pourrait vite devenir intenable si les informations venaient à être confirmées. Le Washington Post avait déjà été à l’origine des révélations de l’affaire Michael Flynn.

Dans une déclaration publiée mercredi soir, peu après la diffusion de l’information sur le site du Post, M. Sessions a déclaré qu’il « n’a jamais rencontré de responsables russes pour discuter de la campagne ». Et d’ajouter : « Je ne sais pas à quoi se réfèrent ces allégations. Elles sont fausses. » « M. Sessions a rencontré l’ambassadeur en sa qualité officielle de membre de la commission des forces armées au Sénat, ce qui est entièrement cohérent avec son témoignage », a affirmé un responsable de la Maison Blanche ayant requis l’anonymat.

Jeff Sessions a publiquement changé de position au sujet de la Russie ces deux dernières années. Au cours d’un entretien accordé au site RealClear World, en mars 2015, le sénateur a estimé que les Etats-Unis et l’Europe « devaient s’unir » contre la Russie. Seize mois plus tard, en pleine campagne électorale, il loue sur CNN l’idée formulée par le candidat Trump de mettre en place de meilleures relations avec Vladimir Poutine : « Donald Trump a raison. Nous devons trouver un moyen de mettre fin à ce cycle d’hostilité qui met notre pays en péril, nous coûte des milliards de dollars en défense et crée des hostilités. »