Le 15 février, dans un tweet, Donald Trump a mis directement en cause la loyauté de la NSA et du FBI. | © Kevin Lamarque / Reuters / REUTERS

Donald Trump va-t-il parvenir à crever l’abcès russe ? A peine a-t-il réussi son grand oral devant le Congrès que de nouvelles accusations sur les liens présumés entre sa campagne et la Russie ressurgissent.

Le New York Times affirmait, mercredi soir, qu’avant de quitter le pouvoir, l’administration Obama s’est livrée à un véritable jeu de pistes en diffusant un maximum d’informations classifiées sur l’ingérence supposée de la Russie dans l’élection américaine.

Dans les jours précédant l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier, le renseignement américain a mis à disposition d’Intellipedia – la base de données commune des services américains – des documents relatifs à cette affaire.

Pour l’administration Obama, il s’agissait d’abord d’éviter que de tels agissements ne se reproduisent lors des prochaines élections, aux Etats-Unis comme en Europe. Mais aussi de préparer le terrain pour les commissions d’enquêtes parlementaires à venir. A cet effet, certains membres de l’administration sortante ont posé des questions précises sur le sujet lors de briefings du renseignement, sachant que les réponses seraient archivées.

Certitude tardive du renseignement américain

Ce n’est qu’en janvier, soit plusieurs semaines après l’élection, que le renseignement américain s’est dit certain du lancement par la Russie de cyberattaques contre le Parti démocrate pendant la campagne pour l’élection présidentielle.

Au cours de l’été, après les premières publications de courriels du Parti démocrate par WikiLeaks, les services de renseignement alliés (britanniques et néerlandais, notamment), ont fourni à leurs confrères américains des éléments permettant de confirmer des rencontres entre membres de l’entourage de Donald Trump et celui de Vladimir Poutine dans plusieurs villes d’Europe.

Le 15 février, dans un tweet, Donald Trump a mis directement en cause la loyauté de l’Agence de sécurité nationale (NSA) et de la police fédérale (FBI) : « Des informations sont données illégalement aux mauvais@NYTimes et@WashingtonPost par la communauté du renseignement (NSA et FBI ?). »

Trump persiste à nier les contacts avec la Russie

Le président persiste à démentir les contacts entre ses conseillers et le Kremlin. Qu’importe si le Washington Post a rapporté, mercredi, que Jeff Sessions – l’actuel ministre de la justice, qui était conseiller du candidat Trump sur la politique étrangère pendant la campagne – a rencontré en juillet et septembre l’ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kislyak. M. Sessions a déclaré sous serment devant le Sénat, lors de son audition de confirmation dans ses fonctions, qu’il n’avait « pas de contacts avec les Russes ».

Le Kremlin a déclaré, jeudi, ne pas être au courant de contacts présumés entre son ambassadeur et Jeff Sessions, tout en rappelant qu’il revenait à un ambassadeur d’avoir le maximum de rencontres. Chuck Schumer, le chef des démocrates au Sénat, réclame la tête du ministre : « Le département de la justice doit être au-dessus de tout reproche. Pour le bien du pays, le ministre [Jeff] Sessions doit démissionner. »

Avant M. Sessions, le conseiller présidentiel à la sécurité nationale, Michael Flynn, a été contraint de quitter l’équipe de Donald Trump en raison de révélations sur une conversation avec l’ambassadeur russe. En août, Paul Manafort, l’un des responsables de la campagne de Donald Trump, avait démissionné après s’être retrouvé pris dans une affaire de corruption en Ukraine, impliquant l’ancien président prorusse Viktor Ianoukovitch, renversé en 2014.

Multiples enquêtes

Après les révélations des services de renseignement américains, le FBI, tout comme les commissions permanentes du Sénat et de la Chambre des représentants dédiées à la surveillance de la communauté du renseignement, ont engagé des investigations sur l’ingérence supposée de la Russie.

Les démocrates du Congrès, craignant que l’administration Trump n’essaie par des pressions de contrarier ces enquêtes, ont mis en garde les républicains. Selon l’agence AP, à leur demande, les conseillers juridiques de l’administration Trump ont enjoint au personnel de la Maison Blanche de ne pas supprimer les documents relatifs aux contacts entre l’administration Trump, son équipe de campagne et son équipe de transition avec le gouvernement russe ou ses représentants.

La seule réaction venant de la Maison Blanche, relevée par Axios, est que le retour de l’affaire russe intervient après la meilleure journée de l’administration Trump : son intervention devant le Congrès.