Emmanuel Macron, au Salon de l’agriculture, à Paris, le 1er mars. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Concernant la place des religions, le programme qu’Emmanuel Macron a présenté, jeudi 2 mars, opte globalement pour le respect de l’équilibre né de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, fondée sur « un principe de liberté ». Mais sa déclinaison, secteur par secteur, laisse des questions en suspens. C’est notamment le cas concernant la gestion du culte musulman, pour laquelle l’Etat ne renoncerait pas à intervenir, si le candidat d’En Marche ! était élu, sans qu’on ne touche à la loi de 1905.

  • Laïcité

« La liberté est la règle, l’interdiction, l’exception » en matière de laïcité, rappelle le programme du candidat d’En Marche !, pour qui « trop de Français confondent la laïcité et l’interdiction des manifestations religieuses ». Parce qu’elle ferait l’objet d’un « large consensus », l’interdiction du foulard à l’école serait inchangée. Elle est en revanche exclue à l’université. Des formations à la laïcité seraient « systématiquement proposées aux agents de l’administration » et des « référents » seront identifiés dans chaque établissement public.

D’autres points sont moins précis : il est ainsi prévu que la liberté des usagers des services publics d’exprimer leurs convictions religieuses soit protégée « dans la limite du raisonnable », sans que ce « raisonnable » ne soit davantage détaillé. De même, il est question de laisser « de la marge de manœuvre aux entreprises pour régler les questions religieuses au travail », mais on ignore s’il s’agit d’une simple application de la réglementation actuelle ou bien si cela suppose une nouvelle législation.

  • Gestion du culte musulman

Une présidence Macron serait partisane d’« agir pour aider les musulmans à restructurer l’islam de France ». Comment ? Le programme fait le constat que les musulmans aujourd’hui sont « mal représentés ». Ce qui vise, sans le nommer, le Conseil français du culte musulman. Mais la « nouvelle structure » envisagée serait chargée de dossiers comme la construction de lieux de culte ou « la formation en France des imams » – ce qui relève d’une association cultuelle, qui ne peut relever de l’action de l’Etat.

L’impression de flou s’accentue lorsque le texte évoque une « Fédération nationale de l’islam de France », qui serait un « regroupement d’associations cultuelles locales créées dans le cadre posé par la loi de 1905 ». Or aujourd’hui, très peu de mosquées ont choisi d’être régies par des associations loi 1905 (auxquelles sont pourtant attachés d’importants avantages fiscaux), leur préférant la légèreté des associations loi 1901.

Emmanuel Macron propose enfin que les municipalités puissent résilier le bail accordé pour une mosquée si son « fonctionnement ou les prêches méconnaissent » les valeurs de la République.