Des carcasses de voitures dans une casse du Comptoir Occasion Pièces Automobile (COPA), le 30 Décembre 2010, à Saint-Mars-du-Désert | FRANK PERRY / AFP

C’est l’archétype de la fausse bonne idée. Et Emmanuel Macron a décidé de la dégainer pour lutter contre la pollution atmosphérique. Le candidat d’En Marche ! à l’élection présidentielle, qui a présenté jeudi 2 mars, les grands chantiers de son programme, propose d’accorder mille euros à toute personne qui échangerait une vieille voiture pour une nouvelle, moins polluante. Qu’elle soit achetée neuve ou d’occasion. Bref, il veut relancer la prime à la casse.

Plusieurs gouvernements ont mis en place cette mesure. On se souvient de la « balladurette » (1994-1995), de la « juppette » (1995-1996) et, plus récemment, d’un superbonus pour l’achat de véhicules « écologiques » sous la présidence Sarkozy. La présidence Hollande n’a pas cessé de faire évoluer le système de bonus-malus pour soutenir l’achat de véhicules à faible niveau d’émission (CO2 et désormais d’autres polluants comme les oxydes d’azote, les NOx).

Toutes ces mesures avaient deux objectifs : aider à la vente de voitures, pour relancer un marché déprimé et ainsi soutenir les constructeurs automobiles, et assainir le parc en supprimant les véhicules les plus polluants pour les remplacer par d’autres plus récents, moins polluants.

Effets massifs mais trompeurs

Ces incitations ont produit des effets massifs, ce qui a perturbé, souvent durablement, le marché automobile… Dans les années 1990, la « balladurette » et la « juppette » avaient permis de doper les ventes, passées entre fin 1993 et fin 1996 de 1,7 million à 2,1 millions de véhicules, avant de chuter à 1,7 million fin 1997…

Entre 2008 et 2010, même constat. Les achats ont bien repris. Entre 2008 et 2011, entre 2,5 et 2,7 millions de véhicules légers ont été immatriculés, et environ 2,2 millions de voitures particulières par an ont été écoulées. Une fois l’aide passée, la chute a été très importante. En 2012, le marché est retombé à 2,2 millions de véhicules légers, dont 1,8 million de voitures particulières.

En fait, la prime à la casse a longtemps caché l’état des constructeurs français. Après l’arrêt des aides, Renault et PSA ont dû finalement lancer leurs vastes plans de restructuration pour baisser leur empreinte industrielle française. Pendant cet épisode, PSA a frôlé la sortie de route.

Par ailleurs, les aides, souvent calibrées entre 500 et 1 000 euros, ne permettent pas aux détenteurs de véhicules très vieux d’accéder à des véhicules de dernière génération. Entre 2008 et 2010, beaucoup d’acheteurs avaient opté pour des petits véhicules, quasi systématiquement produits hors du pays, ce qui n’a pas eu d’effet sur les usines françaises d’automobiles…

En ouvrant la possibilité d’acheter un véhicule d’occasion plus vertueux, Emmanuel Macron entrouvre une fenêtre pour assainir le parc automobile s’il permet de mettre au rebut tous les véhicules relevant des normes Euro 1 à Euro 5, les véhicules aujourd’hui les plus polluants. Ce serait un pas en avant, mais ce ne sera pas une solution miracle, car la transition du parc sera lente. Aujourd’hui, le marché de l’occasion se porte particulièrement bien sur les véhicules les plus vieux, c’est-à-dire les moins chers et les plus polluants, pas sur les occasions les plus récentes. Pas sûr qu’une prime de 1 000 euros suffise à modifier le marché.