A l’IUT de Lyon 1. | Eric Le Roux / Communication / UCBl

Ils ont fière allure avec leurs blousons métallisés et leurs capes argentées, directement inspirées du Musée des Confluences à Lyon. Déclarés vainqueurs des Alticiades 2016 – un challenge inter-IUT –, les étudiants de deuxième année de l’établissement lyonnais n’en reviennent toujours pas. Du 10 au 14 janvier, huit étudiants en techniques de commercialisation (TC) et deux en techniques de commercialisation, orientation systèmes industriels (TCSI), ont déposé leurs valises à Valfréjus (Savoie) où ils ont notamment participé à un important salon de produits régionaux.

« Nous avons mené le projet du début à la fin, fait valoir Hilaire Verney, président de l’association Alticiades Lyon, créée pour l’occasion. Il a fallu trouver des financements, négocier les prix, assurer la logistique, la communication, élaborer un argumentaire de vente et être capable d’expliquer notre ­démarche au jury. »

Sans parler de l’aspect management. « Pour nous aider, nous ­avions avec nous une quarantaine d’étudiants de première année qu’il a fallu coacher, un vrai challenge », précise Maelle Reynaud (19 ans), tout sourire. Les Alticiades font partie des projets tutorés que les étudiants d’IUT doivent réaliser au cours de leur scolarité. L’occasion de mettre en pratique les différents enseignements qu’ils ont reçus depuis leur entrée à l’institut.

« Mettre les jeunes en activité et donner du sens à leur formation sont deux conditions essentielles à la réussite »
Christophe Viton, directeur de l’IUT Lyon-I

L’IUT Lyon-I accueille plus de 4 000 étudiants, essentiellement de la région, dont 30 % de boursiers. Il affiche un taux de réussite au DUT de 80 %, supérieur à la moyenne nationale. Un pourcentage qui monte à plus de 95 % en licence professionnelle. De bons résultats qui s’expliquent notamment par le choix de la direction de l’IUT lyonnais de mêler aussi souvent que possible théorie et mise en pratique.

Avec la volonté que les étudiants prennent en main leurs apprentissages. « Mettre les jeunes en activité et donner du sens à leur formation sont deux conditions essentielles à la réussite, notamment des étudiants les plus fragiles », rappelle Christophe Viton, directeur de l’IUT. Séverine Deborde, secrétaire du département TC et tutrice du projet Alticiades, approuve : « Ils comprennent qu’ils sont capables de mener un projet à terme, cela leur donne une grande confiance. Certains se révèlent véritablement. »

Surtout si ces projets font l’objet de concours. « Les jeunes sont très fiers de représenter leur formation à l’extérieur et de se confronter à des étudiants d’autres IUT. Ils se mobilisent beaucoup plus que lorsque leurs travaux ne sont évalués qu’en interne », insiste Cathy Rostaing, directrice du pôle information et communication de l’IUT.

Jeu de rôle grandeur nature

Clara Janin (19 ans), en deuxième année de TC, opine. La jeune fille revient de Strasbourg où elle a participé au concours national inter-IUT des masters ventes. Le principe : un binôme a vingt minutes pour convaincre un industriel d’acheter ses produits, en l’occurrence des chocolats au fromage. « Durant tout le temps de la négociation, nous ne sommes plus des étudiants mais des professionnels. C’est là que l’on voit que ce que l’on a appris en cours est utile. C’est très motivant », souligne la jeune fille, classée première dans sa catégorie.

Casque jaune vissé sur la tête, blouse blanche et lunettes de protection, Basile Brunner (21 ans), en licence professionnelle de chimie, slalome entre les fioles, un carnet à la main. Il s’arrête, jette un coup d’œil à un récipient d’où s’échappe un jet de vapeur. Le temps de glisser un commentaire à l’oreille d’un opérateur, il est déjà reparti.

Aujourd’hui, Basile est contremaître. Il a pris son poste à 13 h 15 et le quittera à 20 h 15. Il doit, avec son équipe composée d’opérateurs et d’analystes, mener à bien les missions confiées par l’ingénieur-enseignant parmi lesquelles celle d’extraire de l’essence de gingembre, une opération qui s’annonce délicate. L’objectif de ce jeu de rôle grandeur nature ? « Transformer les savoirs en savoir-faire, mais aussi confronter les étudiants à la réalité de leur futur emploi tout en leur donnant la possibilité de se tromper », souligne Benoît Pouhaut, enseignant en chimie.

« Etudiants hyperconnectés »

Christophe Viton en est convaincu : « Les étudiants ont évolué, ils sont hyperconnectés, ils ont davantage de difficultés à rester concentrés. On ne peut pas faire cours comme si rien n’avait changé. » Forte de ce constat, l’équipe de direction s’est appuyée sur l’ICAP (un service de l’université de Lyon-I consacré à ­l’innovation, la conception et l’accompagnement pour la pédagogie) et a monté une cellule comprenant trois ingénieurs ­pédagogiques, dans l’idée de faire évoluer les pratiques. « On cherche à semer des graines, en espérant qu’elles finiront par pousser », commente Christophe Viton.

En ce début d’après-midi de janvier, Edmond Ghrenassia, professeur de génie électrique et informatique industrielle, explique à un parterre d’étudiants attentifs, le fonctionnement de la classe ­inversée : « Avant chaque séance, vous aurez une vidéo à visionner à la maison. En classe, je répondrai aux questions que vous aurez ­préparées chez vous. A la fin de l’heure, vous devrez répondre à un quiz grâce à un boîtier de vote ­interactif qui me permettra de ­savoir immédiatement si vous avez compris », détaille-t-il.

Classe inversée

Si l’enseignant a décidé de changer ses pratiques, c’est parce qu’il a constaté « que le cours en amphi passe mal et que les étudiants n’accrochent pas ». Jean Colombani, professeur en sciences des matériaux, a également opté pour la classe inversée, mais « en fin d’année, quand les étudiants sont moins attentifs ».

Pour ajuster aux mieux les pratiques, les étudiants de l’IUT sont amenés à évaluer leurs enseignements grâce à un questionnaire à la fin du premier et du quatrième semestre. Chaque chef de département s’engage à leur faire un ­retour et à proposer des pistes d’amélioration.

A quelques mois de l’obtention de leur diplôme, les grands vainqueurs des Alticiades semblent plutôt satisfaits. « Je suis très ­content de la formation, elle est très dense et variée », s’enthousiasme Quentin Capelle (19 ans), ex-responsable de la communication de l’équipe lyonnaise.