Le géant minier et du négoce de matières premières, Glencore, se retrouve au cœur d’un nouveau scandale. En république démocratique du Congo, le groupe anglo-suisse aurait versé entre 2013 et 2016 plus de 75 millions de dollars (71,2 millions d’euros) de royalties à une société opaque de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, un proche du président Joseph Kabila, selon une enquête de l’ONG Global Witness.

Cette somme a été décaissée par la société établie à Toronto, au Canada, Katanga Mining dont l’actionnaire majoritaire se trouve être Glencore. Elle a été versée sur les comptes de Africa Horizons, une société domiciliée sur les îles Caïmans et appartenant au sulfureux Dan Gertler. Ce dernier est soupçonné par les ONG et par l’ONU d’avoir tiré profit du « pillage » des ressources minières de la RDC. La justice britannique et américaine enquête sur ses pratiques corruptives. Ce qu’il conteste.

Au détriment de Gécamines

Selon le contrat initial, Katanga Mining aurait dû verser cette somme à la société minière d’Etat, Gécamines. Cette institution, considérée comme une vache à lait pour le régime Kabila, et dont le président du conseil d’administration, Albert Yuma, est un proche du président, a été considérablement dépecée ces dernières décennies, contrainte à appliquer des plans de licenciement.

Interrogé par Global Witness, Glencore a reconnu dans un courrier avoir effectué ces paiements de royalties non pas à Gécamines mais à Dan Gertler, et ce dès 2013. En novembre 2016, Gertler et Glencore avaient déclaré que Gécamines avait cédé les droits à Africa Horizons sans toutefois fournir de détails sur cet accord tripartite.

Glencore dit avoir agi en vertu d’un accord signé entre les trois parties dans lequel l’entreprise publique aurait donc cédé ses droits. Mais pour l’ONG Global Witness, cet argument ne suffit pas à écarter le risque de corruption. D’abord car cet accord daterait de 2015 et non de 2013 et ne porterait que sur une partie des 75 millions de dollars, selon l’ONG.

Après une année 2015 marquée par la chute des cours des matières premières, Glencore a annoncé un bénéfice en hausse de 18 % en 2016. Le géant minier, connu pour ses méthodes parfois jugées agressives, ne pouvait ignorer la réputation de son partenaire en RDC, Dan Gertler, soulignent les enquêteurs de Global Witness