Le vent d’optimisme qui souffle sur les Bourses mondiales profite aussi au marché parisien, qui a franchi, vendredi 3 mars, le seuil symbolique des 5 000 points. Le CAC 40 renoue ainsi avec son plus haut niveau depuis août 2015, juste avant que le krach des marchés chinois ne fasse chuter les indices mondiaux.

Le CAC 40 est largement tiré depuis le mois de novembre par Wall Street. Euphorique, la Bourse de Paris a d’ailleurs bondi de 2,10 % mercredi, dans la foulée du premier discours de Donald Trump devant le Congrès.

Depuis l’élection du nouveau président américain, ses promesses de relance fiscale galvanisent les marchés. Wall Street parie sur une baisse massive des taxes pour les entreprises et sur une hausse des dépenses d’infrastructures, alors que les investissements dans les réseaux électriques, hydriques ou autoroutiers sont au plus bas depuis de nombreuses années. Une politique « pro business » propre à accélérer l’activité et la croissance.

Un « rebond assez solide de l’économie mondiale »

La dynamique du marché parisien, comme celle des autres indices européens, est aussi soutenue « par le rebond assez solide de l’économie mondiale dans son ensemble », souligne Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. « Les chiffres macroéconomiques concernant la production et la consommation, ainsi que les données avancées sur la confiance des ménages et des entrepreneurs, sont positifs. Le rebond est par ailleurs synchronisé et homogène à travers le monde, ce qui renforce la stabilité de cette croissance », poursuit-il.

Les profits dégagés par les entreprises, souvent supérieurs aux attentes des analystes, constituent autant de signaux de cette reprise. Les multinationales françaises ont réalisé l’an dernier plus de 75 milliards d’euros de bénéfices. Un montant en hausse de 32 % par rapport à 2015. « La hausse des chiffres d’affaires peut en outre inciter les entreprises à prendre plus de risques, à s’endetter », note Christian Parisot, responsable de la recherche globale d’Aurel BGC.

La Bourse parisienne est notamment tirée par le secteur automobile, porté par les bons résultats des constructeurs, et les valeurs bancaires. Toujours sous-valorisées en raison notamment de l’environnement de taux bas, les banques devraient bénéficier à plein de la hausse des taux longs qui se dessine, propre à regonfler leur marge d’intérêt sur leur activité de crédit. La reprise économique est aussi favorable à leur activité de financement. Enfin, les investisseurs ont le sentiment que le spectre d’une crise bancaire italienne s’est éloigné depuis l’annonce d’un sauvetage public pour la banque Monte dei Paschi di Sienna (MPS).

Incertitudes

Rien ne garantit toutefois un enthousiasme durable. Le marché pourrait se retourner dans les prochaines semaines en raison du risque politique en Europe. L’approche du scrutin présidentiel en France va inciter les investisseurs à la prudence. Les élections françaises, allemandes ou la mise en œuvre de l’article 50 qui déclenchera officiellement la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne constituent autant d’incertitudes pour les Bourses européennes.

Aux Etats-Unis, si le programme de Donald Trump stimule aujourd’hui les marchés, ses déclarations protectionnistes pourraient finir par venir à bout leur optimisme. Les analystes regardent avec beaucoup de méfiance ses promesses d’augmenter fortement les taxes sur les importations ou sur les droits de douane à l’égard de la Chine et du Mexique, qui ne manqueraient pas d’entraîner des mesures de rétorsion de la part de ces pays.

Les investisseurs surveillent aussi de près la reprise de l’inflation aux Etats-Unis. « La stimulation fiscale promise pas Donald Trump pourrait entraîner une hausse marquée de l’inflation en 2018, et donc une hausse plus rapide que prévu des taux de la Fed. Cela pourrait rendre à nouveau les marchés volatiles dans les prochains mois, par anticipation », prévient Frédéric Rollin.

Pour l’heure, le CAC 40 profite d’un alignement des planètes favorable. Ses performances restent toutefois encore très éloignées du pic de des 6 000 points franchi à la veille de la crise financière de 2007.