On les appelle « les influenceurs ». Ils sont suivis par des millions de personnes sur les réseaux sociaux et défendent une Afrique numérique en effervescence. Ces nouvelles figures du web sont devenues de véritables relais d’influence sur le continent et ailleurs.

Réunis jeudi 2 mars à Paris à l’occasion de l’Adicomdays, une journée consacrée à la communication digitale en Afrique, dont Le Monde Afrique est partenaire, les « influenceurs » et « influenceuses » racontent comment ils sont devenus populaires sur Twitter, Facebook ou YouTube à travers l’humour, la gastronomie, les vêtements ou l’entrepreneuriat digital. Coup de projecteur sur quatre d’entre eux.

Dycosh : le sapologue 2.0

Dans l’univers des influenceurs africains, le comédien et humoriste franco-congolais est plus connu sous le nom d’Elie Kitengué, un « sapeur » candidat à la présidentielle et autoproclamé « fils de Papa Wemba ». A 28 ans, sa DycoshTV, lancée sur Youtube en 2013, compte près de 130 000 abonnés. Avec ses parodies de dandys congolais excentriques et ses punch lines absurdes, Dycosh ne doit sa notoriété « qu’à Internet », assure-t-il. Car, après un master en achats internationaux et un court passage dans le monde de la finance, rien ne le destinait à une carrière d’humoriste. « J’ai commencé à travailler dans une banque mais je m’ennuyais », raconte Dycosh. Il décide alors de poursuivre son rêve d’enfant : devenir comédien. « Mais les castings, ce n’était pas pour moi. Il n’y avait pas beaucoup de rôles qui correspondaient à mon profil de jeune Afro. » C’est muni de son « plus beau swag » que Dycosh se met alors à faire le pitre sur Internet. Des vidéos qui lui valent aujourd’hui le statut d’« influenceur » et star du Net. « Les nouvelles technologies ont permis de faire découvrir beaucoup de nouveaux humoristes, dont je fais partie », reconnaît le comédien. Et grâce à la sapologie, confie-t-il, il est « revenu à ses racines africaines ».

Karelle Vignon-Vullierme : l’autodidacte passionnée

Karelle Vignon-Vullierme | Facebook

Elle n’est pas professionnelle de la cuisine. Ni informaticienne. Pourtant, cette Franco-Béninoise de 29 ans est aujourd’hui à la tête d’une entreprise culinaire digitale. Son blog, Les Gourmandises de Karelle, devenu un site web et récemment décliné en application mobile, a fait d’elle une « influeuceuse » de l’univers gastronomique africain et au-delà. « Il y a encore quelques années, je ne savais pas cuisiner. On m’appelait “miss omelette”, se souvient Karelle avec humour. J’ai commencé à poster des photos de mes plats sur Facebook et mes amis me demandaient souvent les recettes. Alors, je me suis dit que ce serait plus simple de créer une plateforme. J’ai appris à manier l’outil informatique toute seule. » Une plateforme créée en 2013, qui sera alors suivie par des dizaines de milliers de personnes. Aujourd’hui, Les Gourmandises de Karelle permet aussi à sa fondatrice de faire du profit grâce au trafic généré par la publicité et aux partenariats noués avec d’autres plateformes.

Christian Dzellat : « Noir et fier » de l’être

Christian Dzellat. | Sophie Palmier

Il en a fait sa marque de fabrique. Lancée en 2004, Noir & Fier est une marque de vêtements qui ne cache pas son objectif : « Parler du noir. » A travers des tee-shirts à l’effigie de Mohamed Ali ou aux motifs africains, son créateur, Christian Dzellat, 34 ans, a voulu utiliser le prêt-à-porter « street style » pour étendre l’influence dans la communauté noire. « J’ai commencé à me faire connaître par le bouche-à-oreille. Mon premier réseau social, c’était la rue », tonne Christian Dzellat. Très engagé dans la lutte contre le racisme, ce Français d’origine congolaise est devenu le chantre de l’excellence noire en France et parmi la diaspora africaine, suivi désormais par plus d’un million de personnes sur Facebook. En 2014, l’entrepreneur ne s’arrête pas là. Il crée NoFi – une contraction de noir et fier – un média destiné à « couvrir l’actualité du monde noir », ainsi qu’un fonds pour soutenir des projets caritatifs et entrepreneuriaux dans la communauté noire.

Rebecca Enonchong : la web-entrepreneuse

Rebecca Enonchong. | Facebook

On ne la présente plus. Rebecca Enonchong, la fondatrice d’Appstech, une société spécialisée dans les logiciels de gestion d’entreprise présente dans plus de 50 pays, a été classée parmi les dix femmes « Tech Fondateurs » à suivre en Afrique par le magazine Forbes en 2014. A 49 ans, la Camerounaise veut faire de son continent « un modèle pour l’économie digitale ». Avec ses 58 000 abonnés Twitter, la femme d’affaires prône une utilisation « illimitée » des réseaux sociaux pour percer dans ce milieu. Fervente défenseuse de la révolution numérique, Rebecca Enonchong a créé le Cameroon Angels Network pour aider les porteurs de projets dans son pays à élaborer un business plan, trouver des financements et se développer. Mais, depuis plusieurs mois, au Cameroun, les zones anglophones sont privées de connexion Internet. Son arme pour crier sa colère : le hashtag #BringbackOurInternet !

Adicomdays