L’annonce récente d’un grand contrat signé avec Shell au sultanat de Brunei n’y changera pas grand-chose : CGG va toujours très mal. Vendredi 3 mars, en présentant des résultats 2016 marqués par une perte de 576,6 millions de dollars (548 millions d’euros) et une baisse de 43 % du chiffre d’affaires (à 1,2 milliard de dollars), la société parapétrolière a annoncé la nomination d’un mandataire ad hoc. Mission : restructurer une dette de 2,3 milliards de dollars insoutenable dans un marché « durablement plus difficile ».

Les dirigeants de CGG, l’un des leaders mondiaux de recueil de données sismiques pour les compagnies pétrolières, ne voient pas l’horizon s’éclaircir en 2017. Et ils anticipent déjà des résultats d’exploitation « très similaires » à ceux de l’an dernier, et même à une génération de trésorerie « moins favorable ».

L’explication est simple : les investissements des compagnies pétrolières dans l’exploration et la production d’hydrocarbures resteront déprimés pour la troisième année consécutive après le record historique de 2014. Malgré l’accord de baisse de production intervenu en décembre au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et avec la Russie, le cours du baril plafonne à 55 dollars et sa volatilité incite les pétroliers à la prudence.

Faciliter les discussions avec les créanciers

« Dans cet environnement, nos résultats ne devraient pas nous permettre de générer le cash flow nécessaire au service de la dette actuelle dans les années à venir », prévient CGG. D’où « un processus de restructuration financière dont l’objectif est de réduire de manière drastique la dette et son coût en numéraire ». Ses dirigeants ne cachent pas « l’urgence » d’une telle thérapie.

Le tribunal de commerce de Paris a nommé, le 27 février, un expert dont la mission sera de faciliter les discussions avec les créanciers de CGG. La réduction proposée passe par une conversion de la dette non sécurisée et une extension de la maturité des échéances de la dette sécurisée.

Jusqu’à présent, rien n’y a fait : ni l’augmentation de capital de 350 millions d’euros début 2016, ni le sévère « plan de transformation » lancé dès 2013 (réduction d’une flotte de navires très coûteuse, suppression de plus de 40 % des emplois, baisse drastique des coûts opérationnels, limitation des investissements).

« Nouveau désastre industriel »

Fin 2016, la CGT a mis en garde le gouvernement, qui détient 11 % de CGG à travers Bpifrance et l’Institut français du pétrole, contre « un nouveau désastre industriel ». « La pérennité de l’entreprise est aujourd’hui en question. Ce sont 6 000 emplois dans le monde, dont 1 500 en France, qui sont concernés », avertissait le syndicat.

L’entreprise peut-elle poursuivre en solitaire son activité dans un monde où majors et compagnies indépendantes négocient désormais chaque dollar ? CGG n’a pas participé au mouvement de consolidation qui, en deux ans, a vu le rachat de Baker Hughes par General Electric et de l’équipementier Cameron International par le géant franco-américain des services Schlumberger, le mariage du français Technip avec la société texane FMC Technologies.

Fin 2014, Technip avait proposé d’acquérir CGG pour 1,5 milliard d’euros afin de créer « un acteur mondial de premier rang dans les services parapétroliers ». Sans succès. Jean-Georges Malcor, patron de CGG, reconnaît aujourd’hui que l’absorption de CGG comme grande division géosciences d’une entreprise plus diversifiée aurait un sens industriel.