Luke Evans (à gauche) qui incarne Gaston, objet de l’admiration de Lefou joué par Josh Gad, lors de la première du film « La belle et la bête » à Los Angeles le 2 février. | MARIO ANZUONI / REUTERS

C’est un « moment » qui fait parler tout Hollywood depuis quelques jours mais les critiques américains qui ont vu la nouvelle version de « La Belle et la Bête » (sortie le 22 mars en France), produite par Disney, préviennent qu’il faut être attentif pour ne pas le rater.

Interviewé par le magazine britannique Attitude, le réalisateur américain Bill Condon a en effet déclaré à propos d’une scène impliquant le personnage de Lefou, le compagnon du méchant de l’histoire, Gaston : « C’est un beau moment gay et unique dans un film Disney ».

S’il ne dit pas que Lefou est homosexuel, le metteur en scène explique que c’est « quelqu’un qui veut être Gaston un jour et qui veut l’embrasser le lendemain. Il est désorienté dans son désir. C’est quelqu’un qui est en train de réaliser qu’il a des sentiments » décrit-il.

Le personnage est incarné à l’écran Josh Gad, la voix américaine du bonhomme de neige dans La Reine des neiges, un autre film Disney. Sur son compte Twitter, le comédien s’est déclaré « plus que fier » alors que l’interview du réalisateur commençait à faire parler tout Hollywood.

« Un pas en avant formidable »

Lors de la première du film à Los Angeles, l’une des actrices du film Audra McDonald, a rappelé que « Disney ne fait rien de révolutionnaire. Les homosexuels ont toujours existé, les couples mixtes ont toujours existé. Tout ce qu’ils font, c’est braquer la lumière sur eux. Finalement, ils représentent le monde tel qu’il est et je crois que c’est à la fois spectaculaire et nécessaire. »

Alors que Moonlight est devenu dimanche 26 février le premier film centré sur un personnage gay à gagner l’Oscar du meilleur film, Sarah Kate Ellis, présidente de GLAAD, une association militant pour une meilleure représentation de la communauté LGBT dans les médias, se réjouit de l’initiative de Disney.

« C’est un pas en avant formidable, » dit-elle. « C’est incroyablement important pour les jeunes d’aujourd’hui. Ils ont besoin de se voir représentés dans les médias qu’ils consument. De plus en plus, si les studios veulent attirer un public jeune, ils vont devoir inclure des histoires et des personnages LGBT. »

Appel au boycott

Cet enthousiasme n’est pas partagé partout aux États-Unis. Le magazine Time rapporte qu’un message de l’évangéliste Franklin Graham appelant à boycotter le film a été partagé plus de 90 000 fois sur Facebook. « Ils essaient d’imposer le point de vue LGBT dans le cœur et l’esprit de nos enfants. Attention ! » dit le message. « Disney a le droit de faire des dessins animés. C’est un pays libre. Mais en tant que chrétiens, nous avons aussi le droit de ne pas soutenir leur société. J’espère que tous les chrétiens diront non à Disney. »

En Alabama, un état de la Bible Belt au sud des Etats-Unis, les propriétaires d’un drive-in ont annoncé qu’ils ne projetteraient pas le film. « Si nous ne pouvons pas aller voir un film avec notre petite-fille de 11 ans et notre petit-fils de 8 ans alors nous n’avons aucune raison de le regarder », expliquait jeudi soir le patron de ce cinéma en plein air dans un post Facebook effacé depuis.

« Si je ne peux regarder un film avec Dieu ou Jésus à mes côtés alors je n’ai aucune raison de le montrer. Nous sommes avant tout chrétiens (…) et nous ne ferons pas de compromis avec ce qu’enseigne la Bible, » poursuit-il. Le film ne sortant que le 17 mars aux Etats-Unis, il est pourtant peu probable que le propriétaire ait eu l’occasion de voir « La Belle et la Bête » et son « moment » .

La Belle et la Bête (2017) - Bande-annonce officielle (VF)
Durée : 02:39