Deutsche Bank (DB) se prépare à une augmentation de capital. Après que des rumeurs, vendredi 3 mars en journée, ont fait baisser le titre, la banque a confirmé, dans la soirée, son intention de lancer une « potentielle augmentation de capital de 8 milliards d’euros»

DB envisage aussi la mise en Bourse d’une partie de son département de gestion de fortune et de garder Postbank, faute de repreneur. Ces mesures doivent permettre à la première banque allemande, minée par les affaires et une délicate restructuration, de renforcer ses fonds propres et de retrouver des marges de manœuvre d’investissement.

Si elles étaient confirmées, ces mesures constitueraient un revirement de stratégie pour la banque. Selon Bloomberg, l’opportunité d’une augmentation de capital doit être discutée lors d’un conseil de surveillance prévu le 16 mars. Jusqu’ici, le PDG de la banque, John Cryan, avait exclu toute opération de cette nature. La vente de Postbank était également une des priorités du dirigeant, qui espérait augmenter par ce biais son taux de capitaux propres ainsi que la rentabilité du groupe.

Mais le projet s’est heurté à l’impossibilité de trouver un acheteur et à l’opposition du syndicat Verdi, qui craignait des suppressions d’emplois. Postbank, qui emploie 18 000 salariés, pourrait être réintégrée dans le groupe. Quelque 30 % du très rentable département de gestion de fortune pourraient aussi être mis en Bourse.

Regagner en rentabilité

DB est toujours sous le feu des critiques des régulateurs pour son ratio de fonds propres jugé insuffisant, à 11,9 % fin 2016. La banque vise les 12,5 % d’ici à la fin de 2018. En septembre 2016, menacée d’une amende record par le ministère de la justice américain dans l’affaire des subprimes, DB avait été confrontée à un mouvement de panique des investisseurs, au point que des rumeurs de sauvetage par l’Etat avaient circulé.

Son cours avait alors touché son plus bas historique, à moins de 10 euros l’action. Depuis l’accord avec la justice américaine, il est remonté à 19 euros, ce qui facilite une augmentation de capital. Dans un contexte de marché contraint, en raison de la faiblesse des taux d’intérêt, la banque manque en effet de solutions pour respecter les impératifs des régulateurs. Dernièrement, elle a annoncé une coupe drastique des bonus de ses salariés, décidée pour regagner en rentabilité. Peu de chances que cela suffise à calmer les actionnaires d’une banque qui a déjà procédé à trois augmentations de capital pour un montant de 24 milliards d’euros depuis 2010.