Donald Tusk, en septembre 2009, à Bruxelles. | JOHN THYS / AFP

Le gouvernement polonais a officiellement proposé, samedi 4 mars, son candidat alternatif au poste du président du Conseil européen pour remplacer le Polonais Donald Tusk, que les conservateurs au pouvoir à Varsovie refusent de soutenir.

L’éventuelle reconduction de M. Tusk au poste qu’il occupe depuis deux ans devrait être examinée au prochain Conseil européen à Bruxelles, le 9 mars. Le ministre polonais des affaires étrangères, Witold Waszczykowski, explique à l’agence de presse PAP avoir «  proposé la candidature de Jacek Saryusz-Wolski au poste du président du Conseil européen ».

Jacek Saryusz-Wolski, eurodéputé de 68 ans, siège depuis 2004 au Parlement européen, où il est membre du groupe du Parti populaire européen. Il est officiellement membre du principal parti d’opposition polonais, la Plateforme civique (centriste, PO), mais ce parti a récemment pris ses distances à son égard.

Juste avant l’annonce de M. Waszczykowski, la direction politique du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS), au pouvoir en Pologne, a demandé à son gouvernement de « fermement » refuser son soutien à Donald Tusk.

La candidature de l’ancien premier ministre libéral polonais à un second mandat apparaît en revanche souhaitable à une nette majorité des pays membres de l’UE. La Pologne toute seule n’a pas le pouvoir de bloquer la réélection de Donald Tusk à la tête du Conseil européen, celle-ci ne requérant pas l’unanimité au moment du vote.

Critiques acerbes

Le PiS accuse Donald Tusk d’avoir « violé le principe de neutralité face à un Etat membre de l’UE, la Pologne en l’occurrence ». Selon un communiqué paru sur le site internet du parti, M. Tusk a soutenu des projets et des décisions allant à l’encontre des intérêts polonais et apporté son appui à l’opposition politique dans son pays natal.

Le chef du PiS, Jaroslaw Kaczynski, a longtemps été l’ennemi juré de Donald Tusk sur le plan politique national, mais depuis la prise du pouvoir par les conservateurs en Pologne en octobre 2015, il a formulé des critiques de plus en plus acerbes contre son compatriote dont le mandat expire en mai.

Sur le plan politique mais aussi personnel, M. Kaczynski accuse Donald Tusk de « responsabilité morale » pour la catastrophe aérienne de 2010 dans laquelle son frère jumeau, le président Lech Kaczynski, est mort aux côtés de 95 autres personnes, dont de nombreux hauts responsables polonais.