Le 4 mars 2017, François Fillon a présenté son projet devant la société civile aux Docks de Paris à Aubervilliers. | LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE"

Dans son édition du 4 mars, Le Journal du dimanche publie un récit compilant les dix-neuf interrogatoires qui composent l’enquête préliminaire autour des accusations d’emplois fictifs auxquelles fait face la famille Fillon.

  • Dans le dossier de la Revue des deux mondes

Une ex-secrétaire a affirmé que Mme Fillon y signait sous pseudonyme, mais qu’elle ne l’a jamais vue. L’ancien directeur de la publication M. Crépu, quant à lui, a expliqué que l’épouse du candidat lui a envoyé « deux notes de lecture » qui ont été publiées. Il a précisé avoir découvert en lisant Le Canard enchaîné qu’elle avait été rémunérée pour cela. Quant à la qualité de conseiller littéraire de l’intéressée, M. Crépu s’est montré formel : « Ce contrat est fictif. »

Le propriétaire du titre, Marc Ladreit de Lacharrière, a reconnu, lui, que François Fillon lui a demandé d’embaucher son épouse. Il a affirmé avoir discuté de ce sujet avec M. Crépu et convenu d’un accord, avec lui, sur la livraison de fiches de lecture. Il ne l’a, en revanche, pas informé de l’autre mission de Mme Fillon sur le devenir de la revue, ce fameux poste de conseiller.

Il a aussi apporté aux enquêteurs des preuves de quatre autres notes, avec mails à l’appui montrant que M. Crépu en avait eu connaissance. M. Ladreit de Lacharrière a ajouté avoir lui-même fixé le salaire de Mme Fillon. Il a dénoncé « l’hostilité de l’équipe dirigeante [du titre] » à l’égard de l’épouse du candidat. Même ligne de défense chez ce dernier :

« Je pense que mon épouse a été et est indirectement la victime d’un conflit entre Marc Ladreit de Lacharrière et Michel Crépu. »
  • Dans le dossier de l’assistanat parlementaire

L’ancienne assistante du suppléant de M. Fillon, Marc Joulaud, a affirmé avoir rencontré à de multiples occasions, l’épouse du député. « Je n’avais pas connaissance du caractère contractuel de sa fonction », ajoute-t-elle, avant de nuancer qu’elle n’avait pas à savoir.

M. Joulaud, lui, a expliqué qu’à son arrivée dans la Sarthe, il avait besoin d’un relais sur le terrain. « Il s’agissait de m’implanter, de me faire connaître en m’appuyant sur Penelope Fillon. » C’est l’époux de cette dernière qui a fixé le montant de rémunération, a-t-il précisé, décrivant une sorte de « relation à trois nécessitant confiance et loyauté absolue ».

Deux collaboratrices de François Fillon, ainsi que l’homme chargé de l’écriture de ses discours ont témoigné en faveur de son épouse. Mme Fillon « était les yeux et les oreilles de François Fillon dans la Sarthe », insiste Igor Mitrofanoff. Deux anciennes assistantes ont, en revanche, livré des témoignages embarrassants. A la question de savoir si elles étaient au courant de l’activité de Penelope Fillon, l’une d’elle – qui affirme n’avoir jamais côtoyé l’intéressée a fait valoir :

« Ce que je sais c’est qu’en 1998 ma rémunération a été diminuée de moitié pour permettre la rémunération de Mme Fillon. »

M. Fillon, lui, a balayé, les accusations d’un revers de main :

« Les emplois de collaborateurs parlementaires sont à la seule discrétion de l’employeur et il n’y a, à ma connaissance, aucune règle de contrôle de leur temps de travail. »
  • Dans le dossier des enfants de M. Fillon

Marie et Charles Fillon ont témoigné de leur activité devant les enquêteurs. Le fils a toutefois rectifié ce que son père avait préalablement affirmé sur la nature de sa mission. Alors que le candidat avait insisté sur le fait que Charles ait « travaillé sur la présidentielle », ce dernier a précisé qu’il s’était en réalité penché sur les « questions institutionnelles » et le thème de « l’Etat actionnaire ».