Souvent considérés comme la dernière communauté autochtone d’Europe, les Samis peuplent la Laponie. Ils sont environ 100 000 – 60 000 en Norvège, 30 000 en Suède, 10 000 en Finlande et 2 000 en Russie – à vivre sur ce territoire boréal transnational. Une zone d’environ 400 000 km2 où les conditions climatiques sont souvent extrêmes.

En visite diplomatique à Paris, la présidente du Parlement sami de Finlande, Tiina Sanila-Aikio, a participé, samedi 4 mars, à une conférence dans le cadre d’un week-end au Musée du quai Branly-Jacques Chirac consacré à la Laponie. A la tête d’une assemblée composée de 21 parlementaires et qui siège à Inari, dans la partie la plus septentrionale du pays, Mme Sanila-Aikio appelle à « une meilleure coopération entre les Etats » pour lutter contre le changement climatique dont les communautés autochtones sont victimes.

Qu’est-ce qui fait des Samis un peuple autochtone ?

Nous sommes autochtones dans la mesure, notamment, où notre mode de vie est très lié à notre environnement – nous pratiquons la chasse, la pêche, l’artisanat et l’élevage de renne. Nous sommes indissociables de notre territoire et notre tradition orale a toujours été très forte.

Quelles sont les compétences du Parlement sami de Finlande par rapport à son équivalent national ? Et quelles sont les différences entre les Parlements samis de Norvège, de Suède et de Finlande ?

Nous sommes les représentants des Samis au niveau national comme au niveau international. Notre statut nous permet de gérer les questions liées à la préservation de la langue et de la culture dans notre territoire.

Etant donné que la majorité des Samis vivent en Norvège, c’est le pays qui traite le mieux les Samis. L’Etat norvégien a été le premier à instituer un Parlement sami [en 1989] – même si en Finlande, nous avions été les premiers à créer un Conseil sami. Ce qui est certain, c’est que même si nous vivons dans quatre pays différents, nous avons des problématiques communes, et nous sommes un seul peuple.

Quelles sont les revendications du Parlement sami de Finlande ?

Il faut améliorer la mise en œuvre des politiques publiques concernant les Samis. Si l’on en croit la plupart des indicateurs internationaux, les pays nordiques sont parmi les plus riches du monde. Nos attentes et nos exigences sont donc plus élevées. Ainsi, nous n’avons pas à nous battre pour avoir accès à l’éducation, comme d’autres peuples autochtones dans le monde, mais nous voulons davantage de cours en langue sami dans les programmes scolaires en Finlande.

Et qu’en est-il des Samis de Russie ?

La situation est très difficile pour les communautés autochtones en Russie. Ils ne sont pas écoutés et ne peuvent pas participer aux négociations concernant des projets d’exploitation sur leur territoire. C’est une source d’inquiétude croissante pour nous.

Le Conseil sami est membre permanent du Conseil de l’Arctique. En quoi ce forum international est-il important ?

Nous subissons de plein fouet les effets du changement climatique : étant donné que l’hiver est plus court et que les conditions climatiques sont plus extrêmes, nous ne pouvons plus nous fier à notre calendrier traditionnel [qui compte huit saisons]. Cela a une conséquence directe pour l’élevage de rennes, par exemple : les animaux peuvent moins facilement se nourrir d’aliments naturels [principalement de l’écorce et du lichen], il faut donc leur fournir à manger comme s’ils étaient des vaches. Si la situation continue d’empirer, les peuples autochtones arctiques, qui vivent en lien avec la nature, seront menacés d’extinction.

Nous nous intéressons de près à l’implication d’Etats comme Singapour, membre observateur dont le territoire est situé très près du niveau de la mer. Ils seront aussi parmi les premiers à subir le changement climatique. A vrai dire, l’évolution que subira l’Arctique dans les années à venir est importante pour l’ensemble du monde. Il faut prendre conscience qu’une meilleure coopération entre les Etats peut permettre de mettre un frein au changement climatique.