Le logo d’Yves Saint Laurent avant la présentation de la collection femmes printemps/été 2017, lors de la Fashion Week de Paris, le 27 septembre 2016. | © Gonzalo Fuentes / Reuters / REUTERS

Deux visuels de la nouvelle campagne Saint Laurent, visibles à Paris, font polémique. Sur l’un, une femme apparaît jambes écartées, en talons et collants résille. Sur l’autre, une jeune femme très amaigrie, sur talons aiguilles et patins à roulettes, est penchée sur un tabouret dans une position jugée explicite.

Saisi, le jury de déontologie publicitaire de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) statuera vendredi 10 mars sur cette campagne, a annoncé à l’AFP Stéphane Martin, directeur général de l’autorité. « On verra ce qu’il se dira, mais je pense qu’on est dans un manquement incontestable », a-t-il ajouté.

« Infériorisation de la femme »

« Infériorisation de la femme, (...) femme offerte... voilà la variété des images auxquelles ce type de campagne renvoie les jeunes publics, qui sont plus fragiles », a estimé Stéphane Martin. « Je ne suis pas sûr que toutes les femmes client(e)s aient envie d’être associées à ces images-là. »

L’autorité chargée de réguler la publicité a reçu via son site « une cinquantaine de plaintes pour de multiples motifs » : « images dégradantes », « femmes-objets », « valorisation de l'anorexie » et « même incitation au viol, avec la notion des jambes écartées », a-t-il énuméré. La maison Saint Laurent n’a pas commenté.

A quelques jours du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, la campagne a été épinglée sur Twitter à travers le hashtag #YSLRetireTaPubDégradante.

« Bad buzz »

Pour Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme, « cette publicité coche toutes les cases d'une pub sexiste : hyper-sexualisation, femme réduite à un objet, position de soumission... C'est symboliquement très violent ». L’association a aussi reçu de nombreuses plaintes et alertes contre la marque, dont le directeur artistique est depuis 2016 le jeune créateur belge Anthony Vaccarello.

« Comment est-ce qu’on peut croire aujourd'hui qu’on va encore réussir à vendre avec ça ? C’est à se demander si ce n’est pas intentionnel, dans l’idée de créer un “bad buzz”  pour qu’on parle d’eux », souligne Mme Rémy-Leleu, inquiète d’une tendance à « la pornification de la femme » dans la publicité.

En 2015, une publicité Saint Laurent avait été interdite au Royaume-Uni : l’autorité de régulation de la publicité avait jugé que le mannequin qui y apparaissait était « maladivement maigre ».