Le maire de Dakar, Khalifa Sall, a annoncé, dimanche, qu’il serait à nouveau interrogé lundi 6 mars pour répondre des soupçons de « détournement » de plus de 2,7 millions d’euros de fonds publics qui pèsent sur lui.

Khalifa Sall, qui dirige la capitale du Sénégal depuis 2009, a tenu une conférence de presse dimanche pour se défendre après les accusations de la justice à son encontre. Il a fondu en larmes pendant la conférence en expliquant que sa famille avait été choquée par ces allégations. Il a précisé qu’il accepterait de répondre aux questions de la justice lundi : « Je suis prêt à aller a la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) avec tous ceux qui m’accusent. »

« Je vais saisir dès la semaine prochaine le juge d’instruction pour escroquerie portant sur des deniers publics, détournement de deniers publics et faux et usage de faux en écriture, à l’encontre de Khalifa Sall et autres », avait déclaré, vendredi, le procureur de la République de Dakar, Serigne Bassirou Guèye. Selon un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE), des fonds d’un montant de 1,83 milliard de francs CFA ont été « pris des caisses » de la ville de Dakar « sans justification », a dénoncé M. Guèye. « On demande que ce soit justifié » parce que les pièces prouvant l’achat de riz et de mil au bénéfice de populations de Dakar n’ont pas été produites, avait ajouté le procureur.

« Acharnement politique »

Plusieurs fois ministre sous la présidence d’Abdou Diouf (1981-2000), Khalifa Sall, âgé de 61 ans, est l’un des responsables du Parti socialiste (PS) et est perçu comme un probable candidat à la prochaine présidentielle prévue en 2019. Le PS, formation qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000, est membre de la coalition de l’actuel président Macky Sall, mais Khalifa Sall, en dissidence dans son parti et au sein de la majorité, a annoncé qu’il présenterait sa propre liste de candidats aux législatives du 30 juillet.

Le maire de Dakar estime qu’on cherche à l’écarter de la présidentielle et critique ce qu’il considère comme des allégations motivées politiquement. Il y a moins de trois semaines, Barthélémy Dias, un député du PS et maire d’une commune de Dakar, également dissident de la majorité présidentielle, a été condamné à deux ans de prison, dont six ferme, pour « coups et blessures volontaires » lors de violences politiques meurtrières en 2011 à Dakar. Le parquet avait requis dix ans d’emprisonnement contre ce proche du maire de Dakar. Les partisans de Khalifa Sall et de Barthélémy Dias ont dénoncé un « acharnement politique ».