Minisérie sur Canal+ Séries à la demande

When We Rise - Bande-annonce VOST
Durée : 00:40

A force de voir intégrés à de nombreuses séries télévisées des personnages homosexuels – et, désormais, transgenres –, quitte à les montrer sous un jour badin et selon les nouvelles lois ordinaires du « désordre amoureux » qu’appelaient de leurs vœux Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut, on a fini par oublier que cette visibilité ne s’est pas faite – et ne se fait toujours pas – sans drame et sans douleur.

Ce que rappelle à point nommé et à juste titre la minisérie When We Rise, de Dustin Lance Black, un docu-fiction inspiré de faits réels, mêlant scènes de comédie et images d’archives : peu après les émeutes du bar gay new-yorkais Stonewall, dans la nuit du 28 juin 1969 (qui ne fut pas seulement une année érotique, mais aussi héroïque), les mouvements LGBT naissants, et encore menacés par la loi, se montrent au grand jour.

A San Francisco, considérée dans le pays comme la Mecque libertaire, l’époque voit, au moment des manifestations contre la guerre au Vietnam, un sévère retour de bâton – au sens premier : la police n’hésite pas à bastonner, rafler et emprisonner. Les gays, et même les femmes protestataires, sont l’objet de violences.

Dustin Lance Black avait déjà travaillé sur cette époque alors qu’il préparait le scénario (oscarisé) de Milk (2008), de Gus Van Sant, qui relatait les huit dernières années de la vie du militant et politicien gay Harvey Milk, et sa fin tragique, alors qu’il est assassiné, comme le maire de San Francisco, George Moscone, le 27 novembre 1978.

Michael K. Williams, Ivory Aquino dans When We Rise | Eike Schroter

Avec Gus Van Sant, producteur de When We Rise, il a conçu sept épisodes diffusés depuis le 27 février, deux par deux, par la grande chaîne américaine ABC, et, en France, dans la foulée par Canal+ Séries. Les deux premiers (disponibles sur le site de replay de Canal+) sont remarquables, et promettent un travail en finesse.

On y voit deux personnages-clés des mouvements de libération féminine et gay, les militants Cleve Jones et Roma Guy, avec lesquels Dustin Lance Black avait beaucoup travaillé pour le scénario de Milk, ainsi que l’Afro-Américain Ken Jones.

Ces trois personnages apparaissent, jeunes et beaucoup plus tard, joués par deux paires de comédiens : Emily Skeggs et Mary-Louise Parker (Roma), Austin McKenzie et Guy Pearce (Cleve), Jonathan Majors et Michael K. Williams (Ken). Mais la distribution compte aussi beaucoup de figures connues du cinéma et de la télévision parmi les autres rôles.

When We Rise - Because I Grew Up With A Vengeful God
Durée : 02:19

On voit ainsi, incarnant des membres d’un groupe lesbien radical protestant contre les mouvements féministes hétérosexuels qui les rejetaient, Whoopi Goldberg, Rosie O’Donnell et l’épatante Carrie Preston, l’avocate déjantée, mais astucieuse, Elsbeth Tascioni, dans The Good Wife.

When We Rise rappellera à ceux qui l’ont connue une époque à la fois terrible et pleine d’espoir. Les autres apprendront ce qui a permis les avancées sociétales dont certains d’entre eux bénéficient aujourd’hui.

Ce que devrait faciliter, aux Etats-Unis, la diffusion exceptionnelle en prime time de When We Rise, sur ABC, une chaîne généraliste de grande écoute, alors que le gouvernement de Donald Trump ne cache pas sa haine des personnes LGBT.

When We Rise, de Dustin Lance Black. Avec Guy Pearce, Mary-Louise Parker, Rachel Griffiths, Michael K. Williams, Ivory Aquino, Whoopi Goldberg, Rosie O’Donnell, Denis O’Hare (EU, 2016, 7 × 41 min).