Darfour : attaques chimiques contre des civils ?
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Amnesty International a renouvelé, mardi 7 mars, ses appels à l’ouverture d’une enquête des Nations Unies sur de possibles attaques à l'arme chimique menées par le régime soudanais contre des civils au Darfour. Dans un rapport publié en septembre, l'ONG avait affirmé qu'au moins une trentaine d’entre elles avaient été perpétrées entre janvier et septembre 2016 sur des villages de la région du Djebel Marra, dans le cadre d'une vaste campagne militaire contre les rebelles.

Le document contenait des images d'enfants souffrant de brûlures, des photos satellites de villages détruits et de personnes déplacées, des extraits d'entretiens avec plus de 200 survivants et des analyses d'experts. « Entre 200 et 250 personnes ont pu mourir d’une exposition aux agents chimiques, pour beaucoup, voire pour la plupart, des enfants », soulignait alors Amnesty.

A l’époque, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC, agence onusienne) avait estimé avoir besoin de davantage de preuves pour une enquête formelle. Le Conseil exécutif de l’OIAC ouvre mardi une réunion à La Haye. « Un échec de [ses] membres à lancer une enquête serait une honte et une reddition monumentale », insiste dans un communiqué Michelle Kagari, une responsable d'Amnesty.

Au moins 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés

Après la publication du premier rapport, le président soudanais Omar El-Béchir avait accusé l’ONG de « mensonges ». L’homme est sous le coup de deux mandats d’arrêt internationaux de la Cour pénale internationale, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour.

Cette région est le théâtre d'un conflit sanglant depuis 2003, quand des insurgés issus de minorités ethniques ont pris les armes contre le pouvoir de Khartoum, aux mains de la majorité arabe. M. Béchir a alors lancé une contre-insurrection violente. Depuis, l'ONU estime que les combats ont fait au moins 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés.

Le président soudanais avait solennellement annoncé, début septembre, que la paix y était revenue. Mais Khartoum en limite toujours l'accès aux journalistes et aux travailleurs humanitaires, même si une mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine (Minuad) y est déployée depuis 2007. Le Soudan, signataire depuis 1999 de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, a plusieurs fois demandé le départ de la Minuad.