La maison de Lydie C. à Pont-de-Buis le 7 mars. | FRED TANNEAU / AFP

Hubert C., 46 ans, va retourner dans sa ferme du Stang, à Pont-de-Buis, dans le Finistère, mercredi 8 mars. Il portera un gilet pare-balles. De très nombreux policiers du GIPN encadreront cet homme, aujourd’hui soupçonné d’avoir fait disparaître Pascal, Brigitte, Charlotte et Sébastien Troadec, le 16 février, à Orvault.

Moins de quarante-huit heures après sa mise en examen pour « assassinats », le suspect va se rendre sur les lieux, « pour procéder à des constatations », en présence de ses avocats et des deux magistrats nantais chargés d’instruire ce terrible dossier.

Des CRS montent la garde depuis dimanche autour de cette bâtisse, que le couple occupait jusqu’à il y a quelques mois, avant de partir s’installer à Plouguerneau. La justice, en effet, veut maintenant tout mettre en œuvre pour retrouver les dépouilles des quatre victimes et d’éventuels indices, qui seraient restés sur place. Pour ne pas risquer de les voir disparaître, ce déplacement a été organisé en urgence.

Hubert C. a été sorti de sa cellule, à la maison d’arrêt de Nantes, dès mardi après-midi, pour être transféré à Brest dans la soirée. Il sera conduit, en tout début de matinée mercredi, dans cette grande ferme isolée des regards et plantée au milieu d’une trentaine d’hectares marécageux. C’est là, en effet, selon Hubert C., qui l’a indiqué dimanche lors de sa garde à vue, qu’il aurait démembré les corps avant d’en brûler une partie dans une chaudière et de disperser les restes dans la cour.

La ferme de Lydie C. à Pont-de-Buis, dans le Finistère. | FRED TANNEAU / AFP

« Deux à trois jours » pour faire disparaître les corps

Les juges d’instruction veulent visualiser les lieux, comprendre le déroulement précis des faits et vérifier, dans la mesure du possible, la véracité des déclarations du suspect. Seuls les extérieurs seront inspectés, selon nos informations.

Dans le récit, glaçant, qu’il a livré aux enquêteurs, le suspect a déclaré être revenu ici au volant de la Peugeot 308 de Sébastien, avec les corps dans le coffre, après avoir tué « à coups de pied-de-biche », les quatre membres de la famille Troadec, à Orvault. C’était un peu moins de quarante-huit heures après les faits.

« Pendant deux à trois jours, il s’est efforcé de faire disparaître les corps », a indiqué lundi le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès. Il les aurait ensuite découpés, à l’aide d’une scie notamment, dans cette ferme perdue au fond d’un vallon raide et humide traversé par l’Aulne.

Le couple qu’il formait avec Lydie, 47 ans, avait longuement vécu ici, reclus. Rongé par la jalousie, le suspect se serait persuadé, au fil des ans, qu’un « trésor » existait, et que sa compagne et lui avaient été floués lors d’un héritage familial. « C’était devenu une obsession pour lui », a commenté Pierre Sennès, mardi.

Dès dimanche, des perquisitions avaient été menées sur les lieux. Selon nos informations, des « traces de sang » avaient alors été prélevées sur « différents objets ». Depuis, la maison a été placée sous haute surveillance policière dans l’attente du rendez-vous judiciaire fixé ce mercredi.