L’artiste et le musée ont été condamnés à verser 44 000 euros aux ayants droit du photographe français Jean-François Bauret. | ANDREW BURTON / AFP

La sculpture Naked du célèbre plasticien américain Jeff Koons est bien la « contrefaçon » d’un cliché du photographe français Jean-François Bauret, a conclu, jeudi 9 mars, le tribunal correctionnel de Paris.

Dès lors, le tribunal de grande instance a condamné la société Jeff Koons LLC, dont l’artiste est le gérant, et le Centre Pompidou à verser 20 000 euros aux ayants droit du photographe en réparation du préjudice subi, auxquels s’ajoutent 20 000 euros pour leurs frais de justice. Jeff Koons LLC devra également payer 4 000 euros supplémentaires à la famille pour avoir reproduit l’œuvre litigieuse sur son site Internet.

Naked, réalisée en 1988 par Jeff Koons est une sculpture en porcelaine, haute d’un peu plus d’un mètre. Elle représente deux enfants nus : un petit garçon offrant à une petite fille un bouquet de fleurs. Un exemplaire de l’œuvre a été vendu 8 millions de dollars en 2008.

Pour le tribunal, cette sculpture est bien une « contrefaçon » du cliché Enfants réalisé par Jean-François Bauret et diffusé en 1975 sous forme de carte postale, représentant deux enfants nus, dans une pose identique.

Le pionner du portrait nu

Pour les juges, les variations apportées par Jeff Koons « n’empêchent pas de reconnaître et d’identifier les modèles et la pose », qui sont « des éléments essentiels protégés » du cliché de Jean-François Bauret, mort en janvier 2014 et considéré comme un pionnier du « portrait nu » en France.

Le tribunal a précisé que l’artiste, l’un des plus cotés du monde, n’était pas condamné à titre personnel, mais comme représentant de la société qu’il gère. Il a également rappelé que l’œuvre litigieuse n’avait finalement pas été exposée au Centre Pompidou, à Paris, pendant une spectaculaire rétrospective consacrée à l’artiste, de novembre 2014 à la fin d’avril 2015, officiellement parce qu’elle avait été endommagée pendant le transport.

Sauf que la sculpture « était déjà reproduite sur les supports de l’exposition en vente au public » et a été montrée dans divers reportages, ont relevé les juges.