Le nouveau bus 100 % électrique d’Alstom, présenté le 9 mars à Duppigheim. | PATRICK HERTZOG / AFP

La sensation est étrange. Il ressemble de loin à un tramway avec ses larges baies vitrées et son nez arrondi, mais il est campé sur quatre roues, placées à ses deux extrémités, contrairement aux bus classiques. Voici Aptis, le nouvel engin d’Alstom et sa filiale NTL (New Translohr), dont le premier prototype a été dévoilé jeudi 9 mars à Duppigheim au nord de l’Alsace. « On prend un peu le meilleur des deux mondes pour apporter une solution de mobilité très confortable et sans équivalent pour les villes », détaille Henri Poupart-Lafarge, le patron d’Alstom.

Avec ce véhicule, Alstom veut se faire une place sur un marché du bus électrique en plein boom. Contrairement à un autobus, Aptis dispose d’une structure autoportée, plus chère à la production, qui offre un plancher bas intégral et de nombreux accès très larges (deux à trois portes de type tramway, selon les modèles). Bien plus spacieux qu’un bus électrique, Aptis peut transporter près de cent passagers.

Un toit équipé de batteries et d’un système de recharge

Les quatre roues d’Aptis sont par ailleurs toutes orientables, ce qui réduit largement l’amplitude giratoire et facilite l’accostage automatisé à un trottoir. « Pour la propulsion, Aptis utilise un moteur électrique développé par Alstom et peut être équipé sur son toit plat de tous les types de batteries et de systèmes de recharge. Nous sommes très flexibles », indique Franck Lamanna, le chef du projet. Aptis peut être rechargé en mode lent ou rapide, au moyen d’une prise, par le sol ou par biberonnage, via un bras articulé qui se place au-dessus du bus, à chaque arrêt.

En réutilisant de nombreux composants de tramway, Alstom optimise ses coûts de développement, de production et de maintenance. « Pour les villes qui disposent déjà de tramways d’Alstom, de nombreuses pièces seront équivalentes, ce qui permet de réduire les stocks de pièces de rechange. Si l’on prend le coût total d’utilisation sur vingt ans de vie, Aptis sera très compétitif avec les bus diesels actuels », précise Jean-Baptiste Eyméoud, le patron d’Alstom France. Autre façon de dire que le prix de vente restera élevé, sans doute bien au-delà de 500 000 euros, le prix de marché actuel d’un bus électrique.

Dans les semaines à venir, Aptis sera testé par la RATP sur deux de ses lignes, puis par Keolis, également dans la région parisienne, et Strasbourg s’est déjà montré intéressé. « Nous allons également répondre aux prochains appels d’offres. Si Aptis séduit, nous l’industrialiserons en 2018, et les premières livraisons auront lieu en 2019 », reprend Henri Poupart-Lafarge. Quant au lieu de fabrication, il reste inconnu. « Avant de désigner une usine, il va d’abord falloir obtenir des commandes », souffle le PDG.