Documentaire sur France 5 à 9 h 25

Image et Compagnie

En 2012, Anne Sinclair publiait 21 rue La Boétie (Grasset), un livre dans lequel la journaliste racontait l’itinéraire de son grand-père Paul Rosenberg, Français, juif et amoureux des arts. Né à la fin du XIXe siècle, il était devenu l’ami intime, le pygmalion et le conseiller des plus grands peintres de l’époque ­ (Picasso, Braque, Seurat, Monet, Matisse, Léger).

Pendant les années de l’entre-deux-guerres, la galerie de Paul Rosenberg située dans le très chic 8e arrondissement de Paris, où il avait aussi installé sa famille, était devenue le rendez-vous le plus prisé des amateurs d’art du monde entier. Tout le monde louait l’œil, les coups de cœur, le flair et le sens des affaires de cet homme très élégant qui achetait, sans jamais se tromper, les toiles des futurs maîtres de la peinture moderne.

Une vie de luxe et de raffinement qui s’arrêta brusquement en 1940 avec l’arrivée des nazis à Paris. Sous l’ordre de Goering, ils réquisitionnèrent la galerie, confisquèrent toutes les peintures, dont beaucoup se retrouvèrent dans les appartements des dignitaires nazis et transformèrent le local en un Institut d’étude des questions juives, office de propagande, à l’origine de l’exposition « Le Juif et la France », summum de l’antisémitisme public.

Tableaux volés

Dans le même temps, Paul Rosenberg était déchu de sa nationalité par la France pétainiste et collaborationniste. Exilé à New York, où il continua à exercer son métier de marchand d’art, il ne revint qu’à la fin de la guerre et consacra le reste de sa vie à chercher ses tableaux volés par les ­Allemands. Il n’en récupéra que trois cent cinquante sur quatre cents. Mais, grâce à son obstination, le monde entier peut aujourd’hui admirer les chefs-d’œuvre des peintres les plus importants du XXe siècle qui circulent dans de très nombreux pays. On peut, d’ailleurs, aller en découvrir une partie (soixante-six œuvres) jusqu’au 23 juillet au Musée Maillol, à Paris.

C’est la réalisatrice Virginie Linhart qui a adopté à l’écran le récit d’Anne Sinclair. Entre photos, films, correspondances, dessins et documents inédits, la réalisatrice met habilement en scène l’itinéraire de cet amoureux de la peinture et des arts. Un récit ponctué par la voix off d’Anne Sinclair en hommage à son grand-père, qui fut le témoin privilégié et le promoteur de cette peinture avant d’être victime de la folie nazie.

« 21 rue La Boétie », de Virginie Linhart (Fr., 2017, 52 minutes).