Mevlut Cavusoglu a tenu une réunion politique sur le référendum turc, dimanche 12 mars, à Metz (Moselle). | JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Alors que ses meetings ont été interdits en Allemagne et aux Pays-Bas, le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a participé, dimanche 12 mars, à une réunion politique à Metz, pour promouvoir le référendum turc du 16 avril.

Il a été accueilli en début d’après-midi par 800 personnes issues de la communauté turque de l’Est de la France au Centre des congrès. Cette réunion prévue de longue date a pris une dimension polémique depuis que le gouvernement néerlandais a interdit à ce même ministre d’atterrir sur son territoire et que plusieurs pays européens, dont l’Allemagne et l’Autriche, ont annulé des réunions politiques de même type.

La diplomatie française joue « l’apaisement »

Le ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a justifié le maintien de la réunion de Metz au nom de « l’Etat de droit » :

« En l’occurrence, en l’absence de menace avérée à l’ordre public, il n’y avait pas de raison d’interdire cette réunion qui, au demeurant, ne présentait aucune possibilité d’ingérence dans la vie politique française. »

Ce n’est pas l’avis de François Fillon, candidat des Républicains à l’élection présidentielle, pour qui le gouvernement a « mal géré de bout en bout » cette affaire et aurait dû empêcher la tenue de ce meeting :

« En agissant ainsi, François Hollande rompt de manière flagrante la solidarité européenne alors qu’il est évident qu’une position commune aurait dû prévaloir pour gérer les demandes turques. »

Il estime que l’Allemagne et les Pays-Bas ont été « publiquement insultés de façon inqualifiable » et que « la Turquie s’éloigne chaque jour un peu plus des valeurs qui fondent le projet européen ».

Le parti Europe-Ecologie Les Verts (EELV) déplore le maintien du meeting de Metz, qui « fait de la France un complice implicite de la dérive absolutiste que connaît la Turquie aujourd’hui ».

« La responsabilité de la France et de l’Union européenne devrait être de soutenir les mouvements progressistes et de dénoncer sans cesse la dérive autoritaire du régime, et ce malgré la campagne lancée par le gouvernement turc au-delà de ses frontières. »

Officiellement, M. Ayrault a appelé à « l’apaisement  » face à la « tension » entre plusieurs Etats de l’Union européenne et la Turquie et « invite également les autorités turques à éviter les excès et les provocations. » La veille, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait accusé les Néerlandais, comme il l’avait déjà fait avec les Allemands, d’être des « fascistes » influencés par les « vestiges du nazisme ».

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