Le militaire guinéen Aboubakar Sidiki Diakité, dit Toumba Diakité, arrêté en décembre 2016 au Sénégal et recherché pour le massacre d’opposants en 2009 à Conakry, a été extradé, dimanche 12 mars au soir, vers la Guinée, a-t-on appris de sources concordantes.

Toumba Diakité, médecin militaire ayant le grade de commandant, a été l’aide de camp de l’ancien chef de la junte qui a dirigé la Guinée pendant un an, en 2008-2009, le capitaine Moussa Dadis Camara, que Diakité avait ensuite tenté de tuer.

« Le prévenu a été récupéré à sa descente d’avion juste au bas de la passerelle par une équipe de la gendarmerie, de la police et de militaires, escorté sous haute surveillance probablement vers la maison centrale de Conakry », a indiqué une source aéroportuaire de la capitale guinéenne.

Recours contre l’extradition

L’information a été confirmée à l’AFP à Dakar par son avocat sénégalais, Baba Diop, qui l’a jugée « grave ». Le défenseur de Toumba Diakité rappelle en effet qu’il avait déposé un recours pour « excès de pouvoir » contre cette extradition. Selon lui, ce recours aurait dû être « suspensif ». En conclusion, ajoute-t-il, il s’agit davantage « d’une expulsion que d’une extradition ». L’extradition, quant à elle, avait été approuvée par la justice sénégalaise en janvier et aussitôt avalisée par décret du président Macky Sall.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, ex-chef de la junte, à Conakry, le 2 octobre 2009 | Reuters

Visé par un mandat d’arrêt international, le militaire a été arrêté le 16 décembre 2016 par des gendarmes à Dakar, où il vivait sous « une identité d’emprunt » et après avoir subi plusieurs changements d’apparence, selon la gendarmerie sénégalaise.

Au moins 157 morts en 2009

Il était recherché pour son implication présumée dans le massacre perpétré le 28 septembre 2009 par des militaires dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à l’élection présidentielle de Moussa Dadis Camara.

Au moins 157 personnes avaient été tuées et 109 femmes violées dans le stade et ses environs, selon la commission internationale d’enquête de l’ONU.

Rencontre à Conakry avec des rescapés du massacre du 28 septembre 2009

Toumba Diakité avait ensuite tenté, le 3 décembre 2009, d’assassiner M. Camara, actuellement en exil au Burkina Faso, lui reprochant de vouloir lui faire porter l’entière responsabilité du massacre.

Peu avant son arrestation en décembre, plusieurs organisations de défense des droits humains avaient exhorté les autorités guinéennes à respecter leur engagement de tenir le procès du massacre en 2017.