Le principal opposant nigérien, Hama Amadou, a été condamné lundi 13 mars à un an de prison ferme dans le cadre de l’affaire d’un trafic présumé de bébés. Quelques heures avant le verdict, ses avocats avaient suspendu leur participation au procès à Niamey, estimant que la procédure de citation de leur client n’a pas été respectée.

« Hama Amadou réside en France, donc tous les actes de procédures doivent lui être envoyés en France (…) mais le juge a estimé qu’il faut examiner cette exception de nullité au fond », avait dénoncé Ali Kadri, un des avocats des prévenus. « Nous ne pouvons pas accepter de continuer un procès où, dès le départ, on sent qu’on veut nous mettre devant le fait accompli, et nous avons quitté la salle » d’audience, avait poursuivi Me Kadri.

Absent du box des accusés

Hama Amadou est poursuivi pour une affaire de trafic d’enfants qui empoisonne le climat politique nigérien depuis deux ans et dans laquelle une vingtaine de personnes sont impliquées. Sur la vingtaine de personnes poursuivies - dont un ex-ministre, des banquiers, des hommes d’affaires, un officier de l’armée, ainsi que leurs épouses - seul Hama Amadou était absent dans le box des accusés.

Toutes sont notamment poursuivies pour « supposition d’enfants », un délit consistant à attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui ne l’a pas mis au monde. Toutes ont été emprisonnées et accusées d’avoir participé à un trafic de bébés qui auraient été conçus au Nigeria puis amenés au Niger via le Bénin.

Réfugié en France

M. Amadou, qui avait précipitamment quitté le pays pour la France afin d’échapper à la procédure, avait été écroué dans une prison au nord de Niamey dès son retour d’exil le 14 novembre 2015. Ancien premier ministre et ex-président du parlement, Hama Amadou, candidat à la présidentielle de 2016, n’avait pas pu faire campagne, et a été battu par le président sortant Mahamadou Issoufou au second tour.

Malade, il avait été évacué d’urgence le 16 mars 2016 depuis sa prison pour la France avant même la tenue du second tour de la présidentielle. M. Amadou, plus farouche opposant au régime nigérien, n’est toujours pas rentré au Niger.