Le joueur du Stade français Hugo Bonneval (premier plan en rose), contre Lyon, le 11 mars. | JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Il n’y a que la Mairie de Paris qui semble s’en réjouir. L’annonce du projet de fusion des clubs du Racing 92 et du Stade français a provoqué, lundi 13 mars, une vague de réactions pour le moins mitigées, parfois désabusées, souvent épidermiques, notamment du côté du Stade français.

Pour Jean-François Martins, adjoint à la maire de Paris, Anne Hidalgo, cette fusion va « dans le sens de l’histoire ». « C’est une bonne nouvelle pour le sport parisien et francilien, car ce grand club va trouver le volume de sponsors et de supporteurs qui lui permettra de s’installer dans la durée, alors que les modèles des deux clubs étaient fragiles », a-t-il expliqué au Huffington Post.

« C’est pas une fusion, c’est le rachat du Stade français »

Mais cette fusion, dans laquelle le Racing semble dominant, suscite déjà plusieurs oppositions fortes, notamment chez les joueurs. « 13/03/2017 : END », a sobrement tweeté l’arrière stadiste Hugo Bonneval. « C’est pas une fusion, c’est le rachat du Stade français par le Racing… donc la mort de notre club, le club de Paris », enrage sur Facebook le deuxième-ligne de 23 ans Paul Gabrillagues, natif de la capitale et formé au Stade français. « Je [ne] participerai pas à cette mascarade. Manifestez-vous et montrez qu’on est nombreux à l’aimer, ce club. » Un mécontentement qu’on retrouve également chez le troisième-ligne Sekou Macalou, qui a simplement écrit « sans moi » sur son compte Twitter.

Une fin de non-recevoir qui pourrait d’ailleurs devenir le mot d’ordre des joueurs du Stade français, qui, pour certains, pensent à une grève, après avoir quitté la réunion organisée par leur président, Thomas Savare, lorsqu’il leur a annoncé le projet de fusion.

Côté Racing, la consigne semble avoir été donnée aux joueurs d’éviter tout commentaire, au moins avant la conférence de presse commune, prévue à 16 heures lundi. Sur les réseaux sociaux, le centre international Henry Chavancy s’est tout de même étonné de cette annonce, exprimant également sa tristesse.

Quand d’autres, comme Frédéric Michalak, ancien Toulousain et Toulonnais, continuaient de ne pas y croire.

Interrogé par l’Agence France-Presse, Max Guazzini, ex-président historique du Stade français, a pour sa part déclaré qu’il ne ferait « pas de commentaire ».

Un rachat « déguisé » pour Boudjellal

« Je n’ai pas de légitimité pour commenter une opération commerciale, le rachat du Stade Français par le Racing, parce que c’est bien un rachat, c’est juste rhabillé en fusion, a de son côté dénoncé le président de Toulon, Mourad Boudjellal. « Pourquoi l’annoncer aujourd’hui ? Où est l’équité sportive », a-t-il également demandé, alors que les deux équipes visent les phases finales (pour le Racing) ou le maintien (pour le Stade Français).

« C’est une grosse surprise. Honnêtement, rien n’avait filtré », a déclaré Yann Roubert, président du LOU Rugby. « Ce rapprochement, qui paraissait improbable, va créer une super-puissance du rugby. Si on additionne les forces des deux clubs, qui sont les deux derniers champions de France, c’est impressionnant ».

Président de Castres et ancien président de la LNR, Pierre-Yves Revol estime que « cela ne modifiera pas grand chose pour les autres clubs du Top 14. Je ne pense pas que cela change l’économie générale du Top 14 grâce au salary cap notamment », a-t-il déclaré à l’AFP. Malgré un budget qui devrait se situer parmi les plus élevés du championnat, la nouvelle entité fusionnée ne pourra en effet pas avoir une masse salariale supérieure au plafond fixé par la Ligue.

Interrogé sur les raisons qui ont poussé les deux clubs à fusionner, le président du CO a notamment évoqué le public limité des deux formations et les sommes investies par le président du Stade Français Thomas Savare dans son club : « l’actionnaire du Stade Français a certainement investi beaucoup d’argent et il est possible qu’il se projette différemment aujourd’hui dans une autre équation économique ».