François Fillon, le 23 février. | PATRICK KOVARIK / AFP

En Allemagne, où la campagne présidentielle française est suivie de très près, la mise en examen de François Fillon a été annoncée quasiment en temps réel sur les grands sites d’information. Les commentaires ont en revanche été assez laconiques. A quelques rares exceptions près, comme celle du quotidien économique Handelsblatt, qui y voit le signe de « la désintégration des Républicains en France », la plupart des journaux se sont pour l’instant contentés de relayer la nouvelle à l’état brut.

Cette sobriété n’est pas le signe d’un désintérêt. Bien au contraire. Ces dernières semaines, les déboires du candidat de la droite française ont fait l’objet de dizaines d’articles dans la presse allemande. Des articles en général extrêmement sévères, y compris dans des journaux conservateurs comme la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui, dès le lendemain des premières révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de l’épouse de l’ancien premier ministre à l’Assemblée nationale, avait titré : « Filou Fillon ? »

« Suicide politique »

La presse britannique, qui suit pourtant de très près la campagne présidentielle française, accorde peu de place à la mise en examen de François Fillon, développement qu’elle a déjà annoncé. Les principaux journaux se contentent de rapporter le fait. « Françoic Fillon visé par une enquête formelle dans le scandale des emplois fictifs », titre ainsi le Guardian. Le Financial Times titre de la même façon sans utiliser le mot « scandale » et souligne que la convocation par les juges a été avancée d’un jour pour éviter la couverture des médias.

Même le conservateur Telegraph, qui avait publié la fameuse interview de Penelope Fillon en 2007, semble n’accorder qu’un intérêt très relatif à ce nouveau développement. L’avancée de Marie Le Pen dans les sondages et les conséquences de son éventuelle accession au pouvoir passionnent nettement davantage les médias britanniques.

La Belgique, plus proche culturellement de Paris, s’étonne. « Suicide politique » a commenté le quotidien néerlandophone De Standaard tandis que La Libre Belgique et Le Soir ont mis l’information en « une » de leur site dès qu’elle a été connue mardi. Les quotidiens francophones suivent de très près la campagne et y consacrent d’abondants dossiers. Mercredi matin, c’est toutefois un propos tenu à Varsovie par le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, qui retenait plutôt l’attention. Proche du parti Les Républicains, et ami de Nicolas Sarkozy, il a appelé les Français à ne pas voter pour Marine le Pen. Il a évoqué la présence massive de Français vivant en Belgique pour justifier cette intervention assez inhabituelle.

Turpitudes

Le 2 mars, peu après l’annonce de la prochaine mise en examen du candidat Les Républicains, le quotidien libanais francophone L’Orient Le Jour a publié un commentaire au vitriol, intitulé « L’Etat sans droit de François Fillon ». Son auteur, le journaliste Anthony Samrani, y fustige le « populisme complotiste » du député de Paris qui, en dénonçant « le climat de quasi-guerre civile en France », recourt, selon lui, à « la rhétorique employée par les dirigeants autoritaires du monde arabe pour faire taire les mouvements de contestation ». « Mais dans ce monde arabe, l’Etat de droit est le plus souvent une chimère, tandis que la guerre civile, elle, est parfois une réalité. Est-ce vers ce modèle que François Fillon souhaite que la France se dirige ? », s’interroge le journaliste.

Mais en général, la presse arabe a assez peu commenté les déboires de François Fillon. Les torts qui lui sont reprochés paraissent aux habitants du Proche-Orient plutôt minces comparés aux turpitudes de leurs propres dirigeants. Et quand ils traitent de l’actualité politique sur le Vieux Continent, les journaux arabes s’intéressent surtout à la montée de l’extrême droite.

Au Japon, le quotidien de centre gauche Asahi qui voit dans la mise en examen « un coup dur qui pourrait affecter son taux de soutien à l’approche du premier tour en avril ». Autre journal de centre gauche, le Mainichi détaille l’affaire mais signale également le refus de la candidate du Front national de « répondre aux convocations de la justice pour une affaire de rémunération de ses assistants parlementaires ».