Un couple de retraités. | Sandra Mehl pour "Le Monde"

C’est fait ! L’âge légal de la retraite, c’est-à-dire l’âge minimal pour toucher sa pension du régime général (retraite de base) est désormais de 62 ans. Le passage de 60 ans à 62 ans s’est fait de façon progressive, entre les générations 1951 et 1955. C’était la mesure phare de la réforme de 2010. Depuis quelques mois, aucun assuré ne peut donc plus prendre sa retraite avant. Sauf… ceux qui le peuvent encore ! Car des dérogations subsistent, les unes pour certains statuts, les autres pour certaines situations.

Parmi les statuts professionnels épargnés par les 62 ans, il y a les fonctionnaires dits « actifs », exerçant des métiers pénibles, pour qui l’âge légal ne dépasse jamais 57 ans. L’âge reste également inférieur à 62 ans pour bon nombre d’assurés de régimes spéciaux. Quant aux militaires, ils peuvent liquider leurs droits à la retraite dès lors qu’ils atteignent une certaine durée de service.

  • Vous avez commencé tôt : comptez vos trimestres

Dans tous les régimes, sinon, des dérogations à l’âge légal existent pour certaines situations. La plus courante vise ceux qui ont commencé à travailler tôt, c’est la « retraite anticipée pour carrière longue ». Plus d’un quart des assurés du régime général ayant pris leur retraite en 2016 en ont profité. Elle permet de partir dès 60 ans dans le cas le plus fréquent, voire avant pour certains.

Ce dispositif très utilisé est incroyablement complexe. Il faut remplir deux conditions : premièrement, avoir validé au moins cinq trimestres avant la fin de l’année civile de vos 20 ans (quatre si vous êtes né au dernier trimestre ou si vous êtes exploitant agricole) pour un départ à compter de 60 ans, et avant la fin de l’année de vos 16 ans pour un départ avant 60 ans ; deuxièmement, avoir engrangé, tous régimes confondus, un certain nombre de trimestres dans votre carrière. Pour partir à 60 ans, on vous demandera d’avoir le quota requis pour le taux plein pour votre génération (168 trimestres pour ceux nés entre 1961 et 1963, par exemple). Pour partir avant 60 ans, huit trimestres de plus seront exigés.

Attention, tous vos trimestres ne comptent pas ici. Seront pris en compte ceux réellement cotisés (donc pas les trimestres de majoration pour enfants), ceux acquis par le nouveau compte pénibilité, et un nombre limité de trimestres « réputés cotisés », accordés pour certaines périodes d’inactivité (les détails, pour les salariés, sur le site du régime général).

L’anticipation pour handicap

Autre situation permettant une retraite anticipée dans tous les régimes : le handicap. Vous êtes concerné si vous souffrez d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 50 % et si vous avez validé, depuis la reconnaissance de ce taux, un certain nombre de trimestres, dont un certain nombre réellement cotisé, acquis directement par vos cotisations (pas les trimestres attribués pour des périodes d’inactivité ou parce que vous avez eu des enfants, donc).

Les quotas varient en fonction des générations et âges de départ possible (55, 56, 57, 58 ou 59 ans). Par exemple, pour partir à 55 ans, un assuré de 1965 devra avoir au moins 129 trimestres validés, dont au moins 109 cotisés. Pour connaître les nombres de trimestres nécessaires pour vous, consultez le site de votre régime de retraite de base.

Important : une retraite anticipée pour handicap est forcément à taux plein, sans décote, même si vous n’avez pas le nombre de trimestres normalement requis pour votre génération.

Un âge qui fait débat

D’autres exceptions sont spécifiques à certains régimes. Ainsi, les salariés ayant travaillé dans des conditions pénibles pourront partir à 60 ans s’ils souffrent d’une incapacité permanente due à une maladie professionnelle ou à un accident du travail, à certaines conditions. Idem pour ceux qui auront cumulé assez de points sur leur compte pénibilité.

Vous ne répondez aux critères d’aucun de ces dispositifs ? Salariés, commerçants, artisans et agriculteurs pourront toujours demander à toucher dès 60 ans une fraction de leurs pensions grâce à la « retraite progressive », à condition de passer à temps partiel, « ou de l’être déjà », précise Marc Darnault, associé à Optimaretraite.

Notez que plusieurs candidats à la présidentielle souhaitent modifier l’âge légal de départ à la retraite. François Fillon prône un report à 65 ans, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nathalie Arthaud, un retour à 60 ans.