Benoît Hamon, à Marseille, le 7 mars. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Les électeurs connaissaient son revenu universel d’existence, devenu au fil des mois sa marque de fabrique. Jeudi 16 mars, ils ont eu l’occasion de découvrir, outre les grandes mesures déjà rendues publiques par le candidat, plus de détails sur le programme de Benoît Hamon. Un projet qui se veut résolument tourné à gauche et privilégie une politique de la demande, axée sur la consommation des ménages, pour relancer l’économie.

Une politique dont le candidat n’a d’ailleurs pas encore communiqué le chiffrage, à cinq semaines du premier tour de l’élection présidentielle (celui-ci devrait se faire dans un second temps, assure son équipe). Mais qui se fonde sur une projection de 1,3 % de croissance dès 2018. Le taux de chômage, lui, devrait, selon les équipes de M. Hamon, descendre à 6,3 % en fin de quinquennat, contre 9,7 aujourd’hui.

Le candidat qui dit vouloir embrasser les révolutions numérique et écologique souhaite créer « les emplois de demain » en déployant un programme d’investissements stratégiques. « Je lancerai un plan de 100 milliards d’euros sur cinq ans pour la rénovation urbaine et thermique et pour le bien-vivre en ville et dans la ruralité », écrit-il dans son programme, que Le Monde s’est procuré. Il entend, en outre, encourager « la création de 500 000 emplois dans l’économie sociale et solidaire ».

Même s’il ne précise pas encore de combien, M. Hamon propose, par exemple, dans ce cadre, de « permettre à ceux qui ont moins de vivre mieux » en augmentant le smic et les minima sociaux. Il indique par ailleurs dans son programme vouloir encourager les partenaires sociaux à encore plus négocier pour revaloriser les salaires, reconnaître les qualifications et améliorer les conditions de travail. A ce titre, il précise que le burn-out, anglicisme pour syndrome d’épuisement professionnel, sera reconnu comme maladie professionnelle sous son mandat.

« Réduction collective du temps de travail »

C’est dans cette même logique que le candidat du Parti socialiste souhaite abroger la loi travail promulguée en août 2016 après une longue série de manifestations. Il la remplacera par un nouveau texte « en concertation avec les partenaires sociaux » et qui « encouragera la poursuite de la réduction collective du temps de travail sur la base du volontariat et par la négociation, renforcera le compte pénibilité et le compte personnel d’activité, confortera le droit à la déconnexion [déjà présent dans la loi travail], rétablira le principe de faveur [modifié par l’ex-article 2 de la loi sur l’inversion de la hiérarchie des normes en matière de temps de travail] », écrit le candidat.

Pour ce qui est de la formation, M. Hamon souhaite établir un droit « à un an de congé-formation », permettant « d’obtenir un diplôme ou une qualification ». Une disposition qui existe aujourd’hui en grande partie grâce au congé individuel de formation.

Plus généralement, M. Hamon indique vouloir mieux protéger les travailleurs en créant « un statut de l’actif » afin que tous, quel que soit leur régime, bénéficient d’un « socle de protections et de droits fondamentaux ». Les indépendants verraient leur régime social réformé afin de leur garantir les mêmes droits que les salariés. Là encore, pas de précisions sur les éventuelles modulations des cotisations, même si l’équipe du candidat l’assure : il n’y aura pas de prélèvements obligatoires supplémentaires. Les agriculteurs ne sont pas oubliés : M. Hamon indique vouloir améliorer leurs conditions de travail et leur accès aux soins ainsi que leur positionnement face à la grande distribution.

Lutter contre l’optimisation fiscale

Comme il l’a plusieurs fois répété, M. Hamon créera une « contribution sociale sur les robots », afin, dit-il, d’abonder un fonds permettant la création d’autant d’emplois que de postes détruits. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi sera conditionné à la création d’emplois, à la réduction du temps de travail et à la recherche. Et devrait servir, en partie, à financer le revenu universel.

Reprenant une idée mise sur la table par Arnaud Montebourg lors de la primaire à gauche, le député des Yvelines veut introduire une taxe sur les « superprofits des banques » à hauteur de 5 milliards d’euros, soit la moitié de leurs bénéfices annuels. M. Hamon entend aussi vouloir mettre en place une « taxe sur les bénéfices détournés » pour lutter contre l’optimisation fiscale, méthode qui permet aux multinationales opérant en France d’y payer le moins d’impôts possible en installant leurs sièges dans des pays fiscalement plus favorables. Pour ce faire, il demandera aux entreprises de transmettre à Bercy la liste de leurs activités et le montant des impôts acquittés partout où elles sont présentes.

En renforçant la lutte contre la fraude fiscale, M. Hamon dit pouvoir financer une partie de son projet sans avoir recours à des prélèvements obligatoires.