Kylian Mbappé, 18 ans, AS Monaco

Kylian Mbappé est le premier joueur appelé en équipe de France né après le 12 juillet 1998. | VALERY HACHE / AFP

On dira peut-être un jour de Thierry Henry qu’il était l’ancien Kylian Mbappé. Même précocité, même club formateur, même polyvalence offensive, même vitesse d’exécution, même qualité technique… Depuis l’éclosion du prodige monégasque, les comparaisons n’ont cessé de fleurir entre le champion du monde 1998 et le champion d’Europe 2016, catégorie moins de 19 ans.

Cela pourrait sembler exagéré, mais avec ses 17 buts et 6 passes décisives en 31 matchs cette saison, toutes compétitions confondues, le natif de Bondy, dans la Seine-Saint-Denis, ne fait rien pour calmer les ardeurs. A 18 ans, après deux buts décisifs dans la qualification de l’ASM contre Manchester City en Ligue des champions et une première sélection chez les Bleus, le voilà en pleine lumière. Là où il a en fait toujours évolué.

A 13 ans, il est déjà présenté comme un futur crack, courtisé par le PSG, le Real Madrid ou le Bayern Munich. C’est finalement Monaco qui est choisi par ses parents pour continuer une formation débutée à l’Insep de Clairefontaine, où Le Monde l’avait découvert avec ses camarades de la génération 1998.

Systématiquement surclassé chez les jeunes, il avait intégré le groupe pro dès le mois de décembre 2015, puis inscrit son premier but en Ligue 1 en février 2016, devenant à 17 ans et 62 jours le buteur le plus jeune de l’histoire du club. Devant Thierry Henry. « De toute façon, chacun écrit sa propre histoire. Lui l’a bien écrite. J’espère le faire moi aussi », expliquait-il en mai 2016.

Une histoire qui s’écrira peut-être en Premier League, où des supporteurs anglais ont déjà trouvé un chant à sa gloire, pour hurler son nom au rythme du « Mmmbop » des frères Hanson. Un tube datant de 1997, un an avant sa naissance.

Hanson - MMMBop
Durée : 03:54

Ce qu’en dit Didier Deschamps : « C’est vrai, il est jeune, mais le talent n’a pas d’âge. J’ai pensé que c’était le bon moment pour qu’il vienne avec nous. »

Benjamin Mendy, 22 ans, AS Monaco

Benjamin Mendy, a fait toutes les équipes de France de jeunes depuis les moins de 16 ans avant d’être appelé chez les Bleus. | VALERY HACHE / AFP

Mercredi soir, l’Europe l’a encore vu déposer un centre en retrait parfait sur le pied de Fabinho pour le but du 2-0, prémices de la qualification de Monaco en quarts de finale de la Ligue des champions. Avec huit passes décisives toutes compétitions confondues, il est le meilleur défenseur passeur d’Europe devant Marcelo, du Real Madrid.

Originaire de région parisienne, titulaire au Havre (Ligue 2) à 17 ans et passé par toutes les équipes de France de jeunes depuis ses 2009, Mendy a mis du temps à intégrer les exigences du monde professionnel, comme il l’avouait récemment à L’Equipe Magazine : « Longtemps, j’ai pensé que seul le terrain comptait. Je n’allais jamais en salle de muscu’. A Marseille, je me suis retrouvé dans un vestiaire de pères de famille, [qui] m’ont appris à changer d’approche. »

Chouchou de l’Olympique de Marseille, il a quitté l’OM à l’intersaison. A Monaco, le jeune arrière-gauche a vite confirmé ses qualités — vitesse, qualité de centre — et ses défauts — lecture des attaques adverses, erreurs de placement. Il a aussi pris le contrôle de la musique dans le jeune vestiaire monégasque et tourne en dérision ses collègues sur les réseaux sociaux. La concurrence étant ce qu’elle est sur les côtés en équipe de France, il aura sans doute le loisir d’en faire de même à Clairefontaine.

Ce qu’en dit Didier Deschamps : « Déjà à Marseille, il avait réalisé de très bonnes saisons. Il a été freiné par plusieurs blessures. […] Il a progressé. Aujourd’hui, il est plus attentif à la phase défensive. Il a ajouté la rigueur défensive à ses qualités offensives, ce qui fait de lui un joueur très performant. »

Florian Thauvin, 24 ans, Olympique de Marseille

Florian Thauvin est le plus âgé des nouveaux Bleus, à 24 ans. | BERTRAND LANGLOIS / AFP

Trois ans et demi après avoir été la risée du football français, le Marseillais en rejoint le gotha. Une résurrection pour cet ailier racé et dribbleur, gaucher et polyvalent, dont la carrière est jusqu’alors marquée par une affaire qui illustre tout autant la dérégulation du football, le pouvoir des joueurs et l’âpreté au gain de leur entourage.

Champion du monde des moins de 20 ans à l’été 2013 — il est le septième joueur de cette équipe appelé chez les Bleus —, Florian Thauvin devait alors rejoindre Lille, après une première saison professionnelle très réussie à Bastia. Avant même de participer à un entraînement, il avait mené une grève solitaire afin de rejoindre l’Olympique de Marseille, qui se proposait de tripler son salaire et de le faire disputer la Ligue des champions.

Dans ces cas-là, le plus obstiné gagne. Et obstiné, Thauvin l’est. A Marseille, son intégration dans l’équipe est délicate et sur le terrain, malgré le soutien de Marcelo Bielsa — « l’un des meilleurs joueurs que j’aie dirigés » —, il répond rarement aux attentes. Il attire toutefois l’attention de la généreuse Premier League, où son passage à Newcastle est un flop. Après cinq mois d’ennui dans le nord de l’Angleterre, il est revenu en janvier 2016 sur la Canebière.

Cette saison, ses statistiques — 10 buts et six passes décisives — et quelques absences lui valent de revenir à Clairefontaine, lui qui aurait dû en faire sa résidence secondaire depuis longtemps. L’attente n’a pas dû être facile pour ce jeune homme pressé, du style à arrêter l’école à 17 ans pour pouvoir s’entraîner avec la réserve de Grenoble, comme l’avait raconté son entraîneur de l’époque à Rue89.

Ce qu’en dit Didier Deschamps : « « C’est un joueur qui a vraiment des qualités spécifiques de par le poste où il joue. Il est capable de faire la différence, de faire marquer, de marquer. Il y a beaucoup plus de continuité dans ses performances. Il a eu un creux, mais là il est constant, il a de bonnes statistiques, et il évolue à un poste qu’il connaît bien sur ce côté droit. »

Corentin Tolisso, 22 ans, Olympique lyonnais

Corentin Tolisso est le troisième meilleur buteur de l’OL cette saison, avec six réalisations. | ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Ancien capitaine de l’équipe de France Espoirs, titulaire avec son club formateur à 19 ans, Corentin Tolisso est depuis trois saisons l’un des visages de la jeune équipe lyonnaise, dans l’ombre de Nabil Fékir et d’Alexandre Lacazette — non retenus par Didier Deschamps. Généreux de ses efforts, il se distingue surtout par son efficacité offensive, avec 18 buts ces trois dernières saisons.

Il est, de loin, le milieu de terrain lyonnais qui frappe le plus au but, mais sa polyvalence l’a aussi amené à jouer arrière latéral et milieu défensif.

Ses proches louent son humilité et, quand il débloque, il s’excuse. Après avoir découpé le Stéphanois Fabien Lemoine dans les dernières minutes d’un derby tendu : « C’est un geste que je ne referai plus dans ma carrière. J’ai compris beaucoup de choses. J’ai fait une grosse erreur, je vais l’assumer. »

Les insultes de Corentin Tolisso envers Fabien Lemoine et Loïc Perrin après son tacle
Durée : 01:13

Natif de Tarare, à 40 kilomètres de Lyon, détecté à… 8 ans par l’Olympique lyonnais et recruté à 13, Tolisso est depuis l’an dernier tenté d’aller voir ce qui se passe ailleurs que chez Jean-Michel Aulas. Il devrait franchir le cap en fin de saison et est annoncé avec insistance du côté de Naples.

Ce qu’en dit Didier Deschamps : « C’est un joueur en progression qui peut évoluer à plusieurs postes. Il est complet et réaliste une bonne saison avec son club. Il est décisif. »