Premiers tours de piste pour la MCL32, le 27 mars sur le circuit de Montmelo près de Barcelone. | MCLAREN-HONDA

Nouveau propriétaire, nouveau patron, nouvelles règles : un vent émancipateur souffle sur le monde de la formule 1 à l’aube de la saison 2017, qui débute à Melbourne le 26 mars. Et l’une de ses écuries est au bord du divorce avec son motoriste, dix jours avant le Grand Prix inaugural, après avoir vécu un véritable calvaire, lors des huit jours d’essais hivernaux qui se sont terminés sur le circuit Catalunya de Barcelone, le 10 mars.

Très vite, la rumeur d’un divorce entre McLaren et Honda a enflé. Le Daily Express du 12 mars évoque la séparation possible de l’écurie britannique et de son premier pilote, Fernando Alonso ; la chaîne Sky Sports interrogeait le lendemain sur l’éventuelle rupture entre l’écurie britannique et son motoriste japonais Honda.

Le moteur lâche

Tout avait pourtant bien commencé, avec la présentation de la MCL32 à la mi-février, et le retour d’une livrée orange, couleur historique de McLaren, celle des victoires qui s’enchaînent (ne laissant filer qu’un titre entre 1984 et 1991). Pour tirer un trait et oublier qu’aucune McLaren n’a plus gagné depuis celle de Jenson Button, au Brésil, en 2012.

Les ennuis commencèrent dès le premier jour de ces maudits essais hivernaux, sur l’asphalte du Catalunya, lundi 27 février. Le V6 turbo hybride Honda lâcha après un tour. Aux manettes, le double champion du monde Fernando Alonso, affûté physiquement, reprenait la piste l’après-midi même, mais pour une poignée de tours.

Rebelote le lendemain : moteur cassé. « J’ai été élevé en Angleterre. J’ai appris à me contrôler », commenta le directeur de course McLaren, le Français Eric Boullier. Un flegme rudement mis à l’épreuve, puisque le calvaire allait durer deux fois quatre jours. A l’image du vendredi 10 mars où, à deux reprises, le double champion du monde s’immobilisa en milieu de piste, drapeau rouge déployé. Les problèmes électriques provenant de l’unité de puissance Honda ont persisté, malgré le remplacement, dans la nuit, de plusieurs pièces.

Bilan : en tête, Kimi Räikkönen et Sebastian Vettel s’illustrent avec leurs Ferrari, devant des Mercedes, qui pourraient en avoir gardé sous le pied. Derrière, les McLaren ont effectué 425 tours quand les flèches d’argent ou les monoplaces rouges en couvraient plus du double (1 096 et 956). Par ailleurs, McLaren aurait utilisé durant les deux cessions d’essais le nombre de moteurs autorisé pour l’ensemble de la saison.

Selon certains membres de l’équipe, les bornes de l’acceptable sont dépassées. Soit Honda, qui s’apprête à entamer sa troisième saison avec McLaren, parvient à fournir des moteurs fiables et rapides, soit Eric Boullier s’en va. Ce dernier dément. « Même si nous avons souffert au cours des deux semaines d’essais, nous avons beaucoup appris et nous avons identifié les problèmes. » Techniquement, l’espoir demeure, même si « ce ne sont pas des solutions qui se trouvent du jour au lendemain ».

En huit jours d’essais hivernaux à Barcelone les McLaren ont effectué 425 tours quand les Mercedes ou les Ferrari en parcouraient plus du double. | MCLAREN-HONDA

Les deux compagnies liées jusqu’en 2024

Le contrat passé entre McLaren et Honda lie les deux compagnies jusqu’en 2024, saison incluse, selon Sky Sports. Dans un entretien accordé à la chaîne britannique le 13 mars 2017, Zak Brown, directeur exécutif de McLaren, affirme qu’il n’a pas l’intention de rompre prématurément l’accord : « McLaren honore toujours ses contrats, fait-il savoir. Nous avons remporté de nombreux championnats avec eux, ils ont les bonnes personnes en interne, donc nous restons soudés durant cette période difficile. »

Une rupture avec Honda coûterait de plus beaucoup d’argent à McLaren. Outre la motorisation, le Japonais contribue en effet au budget de la team et au paiement des salaires des pilotes, pour un montant estimé à 100 millions d’euros annuels par la BBC. Rien d’étonnant puisque leur pilote vedette est le mieux payé du plateau, 40 millions d’euros par an, selon les chiffres publiés par le site The Drive. « Un des mieux payé » seulement, rectifie Eric Boullier, qui fait tout pour garder son pilote. Il s’est personnellement investi pour qu’il rejoigne McLaren en 2014 et continue à le défendre après une saison 2016 mitigée.

« Tout le monde dans l’équipe est prêt pour la victoire, excepté Honda », ironise le pilote espagnol Fernando Alonso. | MCLAREN-HONDA

Personne ne se résigne

« Tout le monde dans l’équipe est prêt pour la victoire, excepté Honda, ironise de son côté Fernando Alonso lors d’une conférence de presse. Avec notre manque de vitesse de pointe, nous pouvons passer tous les virages à fond… Nous perdons pour le moment 30 km/h dans les lignes droites. » Soit trois dixièmes au tour sur le leader, condamnant l’homme et sa voiture au bas de tableau.

Fernando Alonso a fait savoir qu’il ne terminerait pas sa carrière à la fin de 2017 et avait la ferme intention de courir encore l’année suivante, pour ne pas « finir » sur ce piètre palmarès. Ferrari serait intéressé. L’Espagnol, qui jouit d’une popularité incroyable dans la péninsule ibérique au regard de ses récents résultats, aura-t-il la patience d’attendre ?

Comme sortie de sa gangue, à l’orée de la nouvelle saison qui s’ouvre, la F1 aspire à plus de vitesse, de spectacle, de liberté. « De la sueur et des larmes », réclamait le pilote de l’écurie Haas Romain Grosjean. Expression reprise mot pour mot par Eric Boullier pour qualifier ce que doit offrir la saison 2017. En soufflant sur les braises de la passion automobile, les récentes évolutions – des « révolutions » pour le retraité Nico Rosberg – font naître tant d’espoirs, chez les acteurs comme chez les spectateurs, qu’à l’aube du championnat, personne ne se résigne à perdre d’avance.

F1 : derniers classements et grille 2017

Classement 2016 des écuries :

  1. Mercedes (765 pts)
  2. Red Bull (460 pts)
  3. Ferrari (398 pts)
  4. Force India (173 pts)
  5. Williams (138 pts)
  6. McLaren (76 pts)
  7. Toro Rosso (71 pts)
  8. Haas (29 pts)
  9. Renault (8 pts)
  10. Sauber (2 pts)
  11. Manor (1 pt)

Classement 2016 des pilotes :

  1. Nico Rosberg (Mercedes, 385 pts)
  2. Lewis Hamilton (Mercedes, 380 pts)
  3. Daniel Ricciardo (Red Bull 256 pts)
  4. Sebastian Vettel (Ferrari, 212 pts)
  5. Max Verstappen (Red Bull 204 pts)

Grille de départ 2017 :

Mercedes-AMG : Lewis Hamilton (GBR) et Valtteri Bottas (FIN, ex-Williams).
Red Bull Racing (moteur Renault) : Daniel Ricciardo (AUS) et Max Verstappen (NED), inchangé.
Ferrari : Sebastian Vettel (GER) et Kimi Räikkönen (FIN), inchangé.
Toro Rosso (moteur Renault) : Carlos Sainz Jr (ESP) et Daniil Kvyat (RUS), inchangé.
McLaren-Honda : Fernando Alonso (ESP) et Stoffel Vandoorne (BEL), inchangé.
Williams (moteur Mercedes) : Felipe Massa (BRA) et Lance Stroll (CAN, débutant).
Renault Sport F1 : Jolyon Palmer (GBR) et Nico Hülkenberg (GER, ex-Force India).
Force India (moteur Mercedes) : Sergio Pérez (MEX) et Esteban Ocon (FRA, ex-Manor).
Haas F1 (moteur Ferrari) : Romain Grosjean (FRA) et Kevin Magnussen (DEN, ex-Renault).
Sauber (moteur Ferrari) : Pascal Wehrlein (GER, ex-Manor) et Marcus Ericsson (SWE).

Manor, en liquidation judiciaire, a cessé son activité en janvier, selon le comuniqué de l’écurie publié le 27, faute d’avoir pu retrouver un repreneur fiable.