Au New York Stock Exchange, un écran montre la décision de la Fed d’augmenter d’un quart de point son taux d’intérêt à court terme qui atteindra 1 %, le 15 mars. | RICHARD DREW / AP

A l’issue d’une réunion de deux jours à Washington, son comité de politique monétaire (FOMC) a augmenté d’un quart de point de pourcentage la fourchette de son taux interbancaire au jour le jour, qui évoluera désormais entre 0,75 % et 1 %. Conformément aux attentes des analystes, la Fed relève donc le coût du crédit aux Etats-Unis pour la troisième fois depuis l’éclatement de la crise financière de 2008, qui l’avait contrainte à mettre en place une politique sans précédent de taux zéro pour stimuler la reprise. Dans son communiqué, le FOMC justifie cette décision en se félicitant que le marché du travail a « continué à se renforcer » au cours des dernières semaines et que l’activité économique dans son ensemble connaît toujours une « expansion à un rythme modéré ». La Fed souligne également que la consommation des ménages, moteur de la croissance, a continué à progresser et relève que l’investissement des entreprises, point noir de l’économie américaine ces derniers mois, semble s’être « quelque peu raffermi ». « Le message est simple : l’économie va bien », a résumé la patronne de la Fed, Janet Yellen, lors d’une conférence de presse, ajoutant : « nous avons confiance dans la robustesse de l’économie et dans sa résistance aux chocs. » Elle a assuré que, malgré ce renchérissement du coût du crédit, la politique monétaire restait « accommodante ».

Cible des critiques présidentielles de Donald Trump pendant la campagne, la présidente de la Fed avait clairement ouvert la voie à un nouveau resserrement monétaire, en arguant que le double mandat de son institution – le plein-emploi et une inflation annuelle stabilisée autour de 2 % – était en passe d’être atteint. Les derniers chiffres publiés vendredi ont confirmé cette embellie : en février, l’économie américaine a créé 235 000 emplois en net, dépassant les attentes, tandis que le taux de chômage reculait d’un dixième de point à 4,7 %. « Les gains d’emplois sont restés solides », note d’ailleurs le FOMC dans son communiqué qui, fait nouveau, reconnaît être « proche » de ses objectifs en termes d’évolution des prix sur le long terme. La Fed se garde toutefois de tout excès d’enthousiasme. Contrairement aux attentes de certains analystes, elle ne table pas sur une accélération du nombre de hausses de taux cette année qui aurait pour but de prévenir une surchauffe de l’économie. D’après leurs projections, les dirigeants de la Réserve fédérale continuent ainsi à s’attendre à deux nouvelles hausses d’ici à la fin de l’année. Dans ses nouvelles prévisions publiées mercredi, la Fed se montre beaucoup moins optimiste que l’administration Trump sur les futures performances de l’économie américaine. Elle a ainsi laissé inchangées ses prévisions de croissance pour cette année (2,1 %) et les a légèrement relevés pour 2018 (2,1 % également), bien loin des objectifs de l’exécutif américain. Le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin, a récemment assuré que l’économie des Etats-Unis pourrait croître de 3 % dès 2018, soit près du double du rythme atteint en 2016, tandis que le président Trump a lui évoqué un chiffre de 4 %. La Fed s’est toutefois jusqu’ici gardée de prendre en compte les projets de relance du président Trump, notamment les réductions d’impôts et les dépenses en infrastructure, tant que ceux-ci ne sont pas votés.