Le dirigeant de GroenLinks, Jesse Klaver, à Amsterdam mercredi 15 mars. | ROBIN VAN LONKHUIJSEN / AFP

Chemise blanche largement déboutonnée et cheveux en bataille, Jesse Klaver a été accueilli comme une rock-star à La Haye, mercredi 15 mars au soir, par des centaines de soutiens de son parti, GroenLinks (Gauche verte). Ce trentenaire ambitieux est devenu en l’espace de quelques mois l’étoile montante de la gauche néerlandaise, dont il apparaît, après ces législatives, comme le leader de fait : l’effondrement des sociaux-démocrates, qui réalisent le plus mauvais score de leur histoire, et la stagnation de la gauche radicale lui ont ouvert la voie.

GroenLinks est devenu le premier parti à Amsterdam et les 14 sièges de députés qu’il a décrochés (alors qu’il n’en avait que 4), selon des résultats encore provisoires jeudi matin, pourraient lui permettre de peser sur les négociations à venir pour former un gouvernement. Même si son programme est très distinct de celui des libéraux, il sera peut-être le partenaire nécessaire du premier ministre, Mark Rutte. Durant la campagne, celui-ci s’est dit favorable à l’écologie, à condition toutefois qu’elle ne soit pas « une histoire de gauche ». Les deux hommes se sont en tout cas félicités à distance une fois les résultats connus. Un signe ? Peut-être, mais M. Klaver a quand même dû empêcher ses fans de siffler le dirigeant libéral.

Favorable à l’Union européenne

Le « Justin Trudeau néerlandais » – il a une ressemblance étonnante avec le premier ministre canadien – est surtout un admirateur inconditionnel de John Fitzgerald Kennedy, et pas seulement parce qu’il a les mêmes initiales que lui (son nom complet est Jesse Feras Klaver). Il a fait sienne une citation du président américain assassiné – « Une personne peut faire la différence et chacun devrait essayer » – et peut penser qu’il a contribué à la semi-défaite du populiste xénophobe Geert Wilders.

Il est en effet l’un de ceux qui avaient défié le chef du Parti pour la liberté. Pendant la campagne, il avait affirmé que les Pays-Bas étaient « une terre d’immigration » et, mercredi, il s’est réjoui que le populisme « n’[y] ait pas percé ». Fils d’une mère d’origine indonésienne et d’un père marocain absent, il a appelé son pays à continuer à accueillir des réfugiés. Il a aussi lancé des appels à la tolérance, invitant à juger les gens non pas sur la base de leurs origines mais « de leur futur ».

Originaire d’un milieu modeste de Rosendael, dans le sud du royaume, le jeune Klaver a séduit une bonne partie (un quart, selon l’institut de sondage Maurice De Hond) des anciens électeurs du parti social-démocrate et 10 % de ceux de la gauche radicale avec ses appels à un partage plus équitable des richesses. Il adhère aux thèses de l’économiste français Thomas Piketty et ose parler d’Europe dans un pays qui, en majorité, juge excessifs les pouvoirs de l’Union. M. Klaver plaide ainsi pour une Europe « pour tout le monde, pas seulement pour des riches qui ne font que devenir plus riches ».

Dans son pays, il prône un accroissement de la taxation des revenus les plus élevés et des grandes entreprises. Autant dire que, si elles débutent, ses discussions avec le très libéral Mark Rutte ne seront pas faciles.