Participants au G20 à Baden-Baden,le 17 mars. | THOMAS KIENZLE / AFP

Si l’on renonce officiellement à refuser « toute forme de protectionnisme », que dire à la place ? La question fut âprement débattue, vendredi 17 mars, au premier jour d’un sommet réunissant à Baden-Baden (Allemagne) les ministres des finances et les banquiers centraux du G20. Le club des grandes puissances, représentant 85 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, s’est retrouvé sous l’ombre du président américain, Donald Trump, contempteur d’un libre-échange jugé inéquitable pour les travailleurs américains.

Pas de repli

La marque du nouveau pensionnaire de la Maison Blanche – représenté à Baden-Baden par le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin – s’est imprimée dans les discussions autour du projet de communiqué censé clore le sommet samedi après midi. L’expression habituelle affirmant la volonté des dirigeants de résister au protectionnisme a été retirée des premières versions. Une omission qui enverrait un signal clair de repli redoutent certains participants.

« Nous ne voulons pas de recul par rapport à ce qui a été dit auparavant, a dit avec force le ministre des finances français, Michel Sapin, à l’issue d’une séance de discussions très tendue. Nous ne pouvons appeler les pays à se refermer. »

Les Américains sont ainsi prêts à rompre avec une tradition bien établie de promotion du libre-échange au G20. A la place, Washington entend défendre un « commerce juste ». Une notion subjective qui laisserait plus de champ aux Etats-Unis pour élaborer des mesures protectionnistes dès lors qu’ils s’estiment victimes de concurrence déloyale.

Tension sur le climat

Un autre sujet de tension a émergé autour de la question du climat. Pendant sa campagne, Donald Trump avait affirmé que le « concept de réchauffement climatique » avait été « créé par et pour les Chinois pour empêcher l’industrie américaine d’être compétitive ». A Baden-Baden, les représentants de Washington ont réclamé que soit retirée toute référence à l’accord de Paris de la COP21 et au financement de la lutte contre le changement climatique. Au grand dam de Paris. « Il n’y aura pas de recul sur un sujet aussi fondamental », a prévenu M. Sapin.

Jusqu’à quel point les partenaires des Etats-Unis réussiront-ils à leur tordre le bras ? Faute de parvenir à rapprocher les vues dans le communiqué publié samedi, ces sujets brûlants seront renvoyés à la responsabilité des chefs d’Etat et de gouvernement qui doivent se retrouver au début de juillet à Hambourg.