Le gouvernement a arrêté son choix pour remplacer René Bailly, directeur du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), qui a fait valoir ses droits à la retraite vendredi 17 avril après huit années à la tête de ce service directement impliqué dans la lutte contre le terrorisme. Françoise Bilancini, contrôleuse générale, responsable des ressources humaines à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), également connue sous le nom de « sous-direction M », prendra sa succession.

A 56 ans, elle est la première femme à accéder à la direction d’un service de renseignement français. Avant la sous-direction M, elle dirigeait la sous-direction de la subversion violente. Avec Lucile Rolland, actuelle sous-directrice chargée de l’antiterrorisme, à la DGSI, et Dominique Roulière, responsable de la sous-direction du contre-espionnage, elle incarne la féminisation de l’encadrement de la police administrative.

Toutes trois ont, d’ailleurs, commencé leur carrière aux Renseignements généraux. Titulaire d’un DEA (diplôme d’étude approfondie) en droit, cette commissaire a connu plusieurs postes en province, notamment au début des années 1990, en tant que directrice départementale des Renseignements généraux dans le Territoire de Belfort ou l’Yonne.

Un service avec un statut spécifique

Elle prend la tête d’une direction qui est un cas à part dans l’organisation des services de renseignement en France. Longtemps connue sous le nom des renseignements généraux de la préfecture de police (RGPP), la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) a échappé aussi bien à la fusion, en 2008, des Renseignements généraux et de la Direction de la surveillance du territoire (DST) qui a donné naissance à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qu’à la transformation de cette dernière en Direction générale de la sécurité intérieure en 2014.

La succession de M. Bailly a, de nouveau, lancé le débat, au sein du gouvernement, du rattachement de la DRPP à la DGSI. Mais il a été considéré que tant que le statut spécifique de la préfecture de police de Paris n’était pas abordé dans son ensemble, celui de la DRPP devait rester en l’état.

Considérée depuis la Révolution française comme une zone de sédition propice aux coups d’Etat, la capitale a toujours été surveillée de près par les autorités, qui n’ont jamais aboli, quel que soit le régime, le statut particulier de la préfecture de police de Paris. La DRPP couvre Paris et la proche banlieue, mais peut, ponctuellement, se déplacer sur l’ensemble du territoire. Les trois missions de cette direction visent l’information générale, le renseignement intérieur et la lutte contre l’immigration irrégulière.

Les attaques perpétrées dans la capitale en 2015 ont conduit à une augmentation sensible de ses effectifs. La DRPP comptait, à la fin de 2014, 865 agents. A la fin de 2017, elle aura reçu, dans le cadre du plan de lutte antiterroriste, 100 fonctionnaires supplémentaires. D’ici à la fin de l’année, 18 personnes auront rejoint le groupe chargé de la lutte contre l’immigration clandestine et 60 autres auront renforcé les unités œuvrant dans le cadre plus large d’un « pacte de sécurité ».