Le président de la région PACA, Christian Estrosi, à Nice, le 21 février. | VALERY HACHE/AFP

La tension et le climat de haine partagée entre le président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, Christian Estrosi (LR), et son unique opposition Front national ne retombent pas. La session plénière du vendredi 17 mars a une nouvelle fois été émaillée d’affrontements verbaux et d’insultes qui ont finalement débouché sur une première suspension de séance en fin de matinée, alors que Marion Maréchal-Le Pen, chef de file FN dans l’hémicycle provençal, promettait de « pourrir la suite de la séance » si on ne lui donnait pas la parole.

Depuis le début de la mandature, les séances régionales se déroulent dans un climat nauséabond. En décembre 2016, c’est l’élu FN du Vaucluse Thibault De la Tocnaye qui avait traité M. Estrosi « d’enfoiré de Gaulliste » lors d’un débat traitant de la situation des descendants de harkis. Cette fois, dans une longue session à l’ordre du jour qui n’avait apparemment rien d’explosif – formation professionnelle, sécurité dans les gares, schéma de développement touristique de la région… –, c’est le documentaire sur le Front national jeunesse niçois diffusé par la chaîne C8 le 15 mars qui a servi de déclencheur aux échanges houleux entre M. Estrosi et Marion Maréchal-Le Pen.

« Cela ne vous gêne pas ? »

Dans cette enquête, un conseiller régional élu en décembre 2015 sur la liste de Mme Maréchal-Le Pen, Benoît Loeuillet, tenait des propos négationnistes, alors qu’un autre conseiller régional FN, Philippe Vardon, s’inquiétait que, sur un marché, « tous les mecs qui [lui] serrent la main, ils sont noirs ». A l’attention de Mme Maréchal-Le Pen, Christian Estrosi a attaqué :

« M. Loeuillet, vous êtes allée le chercher en toute connaissance de cause. Je ne peux me résoudre à croire que vous n’avez pas fait une enquête avant de lui confier une place sur vos listes. »

Si M. Loeuillet, suspendu par le Front national et écarté du groupe FN au conseil régional, n’était pas présent ce vendredi à Marseille, M. Vardon, lui, était bien là. Assis, comme à son habitude, au côté de Marion Maréchal-Le Pen. Opposant local de Christian Estrosi à Nice, Philippe Vardon est l’un des fondateurs du Bloc identitaire et membre de l’équipe de campagne de Marine Le Pen. Après avoir qualifié M. Vardon « d’héritier de Goebbels » et de « leader de la discrimination », le président de la région PACA a interpellé directement Marion Maréchal-Le Pen :

« Les saluts nazis de M. Vardon, les chants xénophobes de M. Vardon, la soupe au porc distribuée par M. Vardon sur le port de Nice, cela ne vous gêne pas ? »

Une nouvelle passe d’armes s’est ensuite développée autour d’un amendement proposé par le Front national sur une délibération consacrée à des actions éducatives culturelles, dont le financement de visites de lycéens dans des camps de concentration. Après avoir longuement accusé son opposition de vouloir « minimiser la Shoah », Christian Estrosi a refusé la parole à Marion Maréchal-Le Pen qui la réclamait en hurlant, pour, expliquait-elle, « répondre aux insultes ». Le ton est à nouveau monté alors que M. Estrosi suspendait la séance.

« Fasciste », a alors lâché Marc-Etienne Lansade, maire de Cogolin (Var) et conseiller régional FN, alors que le porte-parole du groupe frontiste, Frédéric Boccaletti, reprochait « une attitude minable » à Christian Estrosi, dans un face-à-face très physique avec le président de région. « M. Estrosi est très courtois lors de la conférence des présidents et fait son show sur notre opposition pendant les plénières, ce qui n’est pas du goût de tous ses élus » accusait M.Boccaletti. Comme c’est devenu la règle depuis le début de la mandature dans la région PACA, cette séance pourrait se prolonger devant la justice, les protagonistes promettant le dépôt d’une série de plaintes pour diffamation.