Vue du camp de Moira, sur l’île de Lesbos en Grèce, le 16 mars. | LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Le pacte migratoire signé il y a un an entre l’Union européenne et la Turquie a transformé la Grèce en « un terrain d’essai des politiques européennes qui bafouent les droits » humains, ont dénoncé jeudi 16 mars plusieurs organisations non-gouvernementales.

Cet accord « expose les réfugiés et les demandeurs d’asile à des risques et des abus », détaillent l’International Rescue Committee (IRC), le Norwegian Refugee Council (NRC) et Oxfam dans un rapport d’une dizaine de pages.

Publié quatre jours avant le 20 mars, qui marque un an d’application de ce traité permettant le renvoi des réfugiés en Turquie, le document accuse « l’Europe de ne pas s’acquitter de sa responsabilité de protéger les gens qui [y] cherchent la sécurité ».

La fermeture, en 2016, des frontières des pays des Balkans, par où sont rentrés en Europe du nord plus d’un million de réfugiés depuis l’été 2015, a piégé en Grèce entre 45 000 et 60 000 migrants et réfugiés – selon les sources. Parmi eux, de 9 000 à 14 000 sont retenus sur les îles hellènes en vue de leur renvoi en Turquie en vertu du pacte.

« Message aux migrants de ne pas venir »

Les ONG dénoncent les « conditions inhumaines des personnes », séjournant sur ces îles. Elles soulignent, en outre, que « les demandeurs d’asile sont privés de différentes façons de leur droit à une procédure juste ». Le texte conclu entre Ankara et l’UE « joue à la roulette sur l’avenir des gens les plus vulnérables du monde ».

De la même façon, d’autres associations ou organismes, comme Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l’homme, Human Rights Watch ou encore Médecins sans frontières, ont estimé, jeudi, que ce pacte « mine les valeurs européennes des droits de l’Homme et de la dignité ». Il viole le droit international de l’asile, et crée des conditions « dégradantes » pour les exilés bloqués sur les îles grecques, tout en dopant les affaires des passeurs.

Au cours d’une conférence de presse, ces ONG ont réclamé de nouveau le transfert immédiat vers le continent grec des personnes détenues ou retenues sur les îles, relevant que figuraient parmi elles nombre d’individus vulnérables, notamment mineurs ou victimes de torture. L’UE s’accommode de cette situation car « elle lance le message aux migrants de ne pas venir », a notamment accusé Epaminondas Farmakis, de l’organisation Solidarity Now.

« Si la route de la Grèce s’ouvre, je m’y lance à nouveau »