Les étudiants de l’université de Columbia patientent pendant la remise des diplômes. | © Reuters Photographer / Reuter / REUTERS

Faut-il s’y fier ? Jusqu’à quel point ? Et comment les utiliser au mieux ? Les classements de MBA sont en général le premier outil qu’utilisent les candidats pour choisir leur programme. Autant dire qu’ils pèsent lourd dans la balance.

Or ces classements souffrent de plusieurs faiblesses. D’abord, ils ont tendance à gommer les différences entre les cursus pour les ranger tous dans la même catégorie. Quitte à faire l’impasse sur les caractéristiques propres à chacun. « On compare parfois des programmes qui ne sont pas comparables, parce qu’ils répondent à des logiques différentes », note Pascale Berthier, directrice du MBA d’EM Lyon. En outre, traduire en chiffres des éléments aussi subjectifs et fluctuants que la qualité de l’enseignement ou l’ambiance au sein d’un MBA relève de la gageure. Bref, les classements sont réducteurs.

Autre grief à leur égard : ils sont fréquemment émaillés d’erreurs factuelles, d’approximations, voire d’informations volontairement inexactes – tel diplômé aura majoré son salaire, telle école aura fourni des données plus ou moins favorables – que les diverses vérifications ne parviendront pas toujours à débusquer.

Mais plus encore, tout classement repose sur une vision du marché bien particulière. « Chacun d’eux a sa logique propre, remarque Benoît Arnaud, directeur des MBA de l’Edhec. C’est une affaire de choix éditorial. »

Le critère de la rémunération, « une logique très anglo-saxonne »

Le plus connu et le plus utilisé de tous les futurs étudiants, celui du Financial Times, met ainsi l’accent sur le salaire à la sortie du MBA et sur la progression de la rémunération obtenue grâce au diplôme. Autrement dit, sur le « retour sur investissement », du point de vue financier, pour le participant.

« En tout, cela représente environ 40 % du poids des différents critères, observe Andrea Masini, le patron du MBA d’HEC. C’est une logique très anglo-saxonne. » Rien de scandaleux, il est vrai, s’agissant de formations qui coûtent entre 30 000 et 100 000 euros – voire davantage outre-Atlantique. Mais cela revient à avantager les MBA qui forment en priorité des consultants ou des spécialistes de la finance, au détriment de ceux qui accueillent plutôt de futurs créateurs d’entreprise – un profil de plus en plus répandu – ou des responsables d’ONG.

« Il faut en général trois promotions d’au moins 30 participants pour être classé. Cela élimine de fait un certain nombre de programmes », explique Virginie de Barnier, directrice de l’IAE d’Aix-Marseille.

Sans compter que, comme le remarque Phil Eyre, directeur du MBA de Grenoble EM, « il est difficile de comparer les rémunérations, car le niveau des charges sociales, le montant des impôts et surtout le coût de la vie varient d’un pays à l’autre ». « Sans parler du taux de change : quand l’euro perd 20 % de sa valeur en deux ans, les MBA européens se retrouvent pénalisés dans les classements », ajoute Andrea Masini. « Surtout, l’utilité sociale d’une formation ne se réduit pas au seul salaire », tient à rappeler de son côté Benoît Arnaud.

Pour autant, faut-il rejeter en bloc tous les classements ? Sans doute pas. Quoi qu’on en pense, ils restent un instrument très utile à l’heure de faire son choix. À condition d’être conscient de leurs limites. Et de savoir les utiliser. On peut notamment comparer les différents classements, qui ne disent pas tous la même chose, loin de là. On peut aussi éplucher en détail les colonnes de chiffres, qui fournissent une foule d’informations sur les atouts et les traits distinctifs de chaque programme : certains forment avant tout des consultants, d’autres davantage des manageurs pour l’industrie, quelques-uns mettent, eux, l’accent sur le développement personnel… Mieux vaut donc se forger sa propre opinion.

La taille du réseau d’anciens

Parmi les critères à prendre en compte, la plupart des observateurs insistent sur l’ouverture internationale : le nombre de nationalités parmi les participants, le taux de professeurs étrangers sont autant d’indicateurs importants. « La diversité culturelle des profils constitue la clé d’un échange riche dans les cours. C’est là que réside la principale valeur ajoutée du MBA, car on apprend énormément de ses collègues de promotion », souligne Andrea Masini.

La taille de la cohorte et l’importance du réseau d’anciens sont également à prendre en compte. Sans oublier, bien sûr, le taux de placement à la sortie du programme, ou encore la satisfaction des diplômés – un critère qui figure dans le classement de The Economist. « En misant sur les business schools qui disposent de la triple accréditation [auprès des trois grandes associations de certification], on ne commet pas d’erreur », estime pour sa part Pascale Berthier.

A noter aussi que les classements font en général l’impasse sur les MBA aux effectifs limités. « Il faut en général trois promotions d’au moins 30 participants pour être classé. Cela élimine de fait un certain nombre de programmes », explique Virginie de Barnier, directrice de l’IAE d’Aix-Marseille. C’est, au reste, une des raisons qui ont poussé l’IAE à fusionner ses deux cursus. Certes, ces « petits » MBA ne prétendent pas rivaliser avec ceux de l’Insead ou de Harvard. Mais ils peuvent offrir autre chose à leurs participants : un suivi personnalisé et un contexte d’apprentissage qui conviendront mieux à certains – pour un prix bien inférieur. Autant donc ne pas les négliger.

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