Lancement de 4 missiles en Corée du Nord. Photo non datée diffusée le 7 mars par l’agence d’infiormation Nord-coréenne KCNA. | STR / AFP

La Corée du Nord a testé un nouveau moteur de fusée, en présence de son leader Kim Jong-Un, semblant ainsi saluer l’arrivée du secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson à Pékin, où la Chine et les Etats-Unis ont largement évoqué le programme nucléaire de Pyongyang samedi 18 mars. « Le monde va bientôt réaliser la signification de la victoire historique que nous avons signée aujourd’hui », a souligné le chef du régime nord-coréen, cité dimanche par KCNA, l’agence de presse officielle nord-coréenne.

Ce test avait visiblement été programmé pour coïncider avec l’arrivée à Pékin, samedi, du nouveau chef de la diplomatie américaine. A quelques heures de sa rencontre dimanche avec le président chinois Xi Jinping, Rex Tillerson a assuré que Pékin et Washington allaient « travailler ensemble pour voir si (ils pourraient) amener le gouvernement de Pyongyang à changer de position (...) et s’écarter du développement d’armes nucléaires ».

Propulser des missiles ?

Dans la capitale nord-coréenne, on se félicite en tout cas de ce test fructueux : « le développement et la mise au point d’un moteur à haute poussée nouvelle génération va aider à consolider les bases scientifiques et technologiques qui nous permettront d’atteindre le niveau mondial en matière de lanceurs de satellites et d’intervention dans l’espace », a ainsi souligné KCNA.

« Le leader (Kim) a souligné que le succès de ce test est un événement d’une signification historique et il a déclaré qu’il s’agissait d’une renaissance pour le programme de fusées du pays », a insisté l’agence.

Ces moteurs pour fusées pouvant facilement être adaptés pour propulser des missiles, de nombreux observateurs pensent qu’en fait le programme nord-coréen en matière de lanceurs de satellites n’est qu’une feuille de vigne cachant la réalité, c’est-à-dire les tests dans le domaine militaire.

La fin de la patience

Avant de mettre le pied en Chine, Rex Tillerson était passé par le Japon et la Corée du Sud. Dans le cadre de cette tournée en Asie, le chef de la diplomatie américaine a notamment insisté sur le fait que les Etats-Unis n’allaient plus suivre la politique de « patience stratégique » mise précédemment en oeuvre par Washington envers le régime de Pyongyang, politique qui selon lui a échoué. A ce sujet, il a souligné qu’une opération militaire américaine était notamment « une option sur la table ».

Ces déclarations de M. Tillerson répondaient notamment aux deux essais nucléaires de Pyongyang en 2016, ainsi qu’aux récents tirs de missiles effectués par le régime nord-coréen, tirs présentés comme des tests avant d’éventuelles frappes sur les bases américaines au Japon.

Le dernier test d’une fusée lanceuse de satellites par la Corée du Nord avait eu lieu en septembre 2016, test là aussi réalisé en la présence de Kim Jong-Un. Le leader de Pyongyang avait alors plaidé pour que son pays « puisse disposer de satellites géostationnaires d’ici deux ans ».

Les Etats-Unis à portée

Pour qu’un satellite puisse être installé en orbite géostationnaire il lui faut être propulsé à une attitude de 36 000 km, et la Corée du Nord a démontré ses progrès dans ce secteur en développant des missiles balistiques intercontinentaux qui pourraient atteindre les Etats-Unis, a souligné le professeur Yang Moo-Jin, de l’université des études nord-coréennes.

« La Corée du Nord sous-entend clairement qu’elle va prochainement lancer une nouvelle fusée capable de transporter des satellites, depuis son site de Sohae », a ajouté M. Yang. Mais, selon lui, le régime de Pyongyang pourrait aussi tester en secret un missile balistique intercontinental, et ce depuis un lanceur mobile.

« Ce test serait programmé pour coïncider avec la visite du président chinois Xi Jinping aux Etats-Unis », ainsi qu’avec l’anniversaire de la fondation de l’armée nord-coréenne, a précisé M. Yang, en évoquant la rencontre envisagée entre M. Xi et son homologue américain Donald Trump en avril, rencontre toujours en négociations. Ce sommet aurait lieu à Mar-a-Lago, en Floride, dans la luxueuse résidence de week-end du milliardaire républicain.