Ce sont au moins huit charniers qui ont été découverts dans le centre de la République démocratique du Congo (RDC), dans le Kasaï-Central, ont révélé, lundi 20 mars, l’agence britannique Reuters et RFI. Au cours d’une enquête menée par les deux médias ces dernières semaines auprès des villageois autour du chef-lieu de Tshimbulu, les habitants ont dévoilé les traces des fosses communes où serait enterré un nombre important d’hommes, de femmes et même d’enfants. Affleurant la terre rouge parfois fraîchement retournée, des os, des crânes et des bandes de tissu rouge.

Région du centre de la République démocratique du Congo (RDC), le Kasaï est le théâtre depuis septembre 2016 d’une rébellion née de la mort, le mois précédent, lors d’une opération militaire, du chef coutumier Kamwina Nsapu, entré en conflit avec le pouvoir central. Les violences y ont déjà fait au moins 400 morts et déplacé des centaines de milliers d’habitants.

Mais les Forces armées congolaises (FARDC) ont aussi pris pour cibles des civils, faisant un grand nombre de morts cette semaine dans le centre de la RDC, a dénoncé, samedi, la Mission de stabilisation des Nations unies (Monusco) et restreignent l’accès de la région aux casques bleus. La Monusco pointe « le recours disproportionné à la force par les soldats » et réclame « l’arrêt immédiat des violences à Kananga et dans la région de Kasaï ».

Lance-pierres et bâtons

Kinshasa a annoncé le même jour avoir inculpé sept soldats en lien avec une vidéo diffusée en février, qui montrait des militaires massacrant des membres présumés de cette milice, seulement armés de lance-pierres et de bâtons. Le gouvernement l’avait d’abord qualifiée de « montage grossier » avant de décider de mener l’enquête « par précaution » face aux allégations persistantes de violations graves des droits humains attribuées à des éléments des FARDC dans le village de Mwanza Lomba dans le Kasaï-Central.

Parmi les suspects placés en détention figurent des officiers et des sous-officiers, a déclaré lors d’une conférence de presse le général-major Joseph Ponde, auditeur général des FARDC, précisant les chefs d’inculpations de « crimes de guerre par meurtre, par mutilation, par traitements cruels inhumains et dégradants, et refus de dénonciation d’une infraction commise par des justiciables de juridictions militaires ».

Dans la même province, deux experts onusiens et leurs quatre accompagnateurs congolais ont été enlevés le 11 mars, et sont depuis portés disparus.

Photo prise le 11 mars 2017, d’os humains affleurant une fosse commune découverte par les habitants de Tshimbulu, dans le centre de la République démocratique du Congo. | REUTERS