Le gouvernement du Soudan du Sud est pour une large part responsable de la famine qui sévit dans certaines zones du pays en conflit. C’est la conclusion d’un rapport confidentiel du Conseil de sécurité des Nations unies, consulté jeudi 16 mars par Reuters. Les experts de l’ONU estiment que le président Salva Kiir continue de piocher dans la rente pétrolière pour acheter des armes.

Selon eux, 97 % des revenus déclarés du Soudan du Sud proviennent des ventes de l’or noir. « Les revenus des ventes à terme de pétrole ont atteint environ 243 millions de dollars [226 millions d’euros] entre fin mars et début octobre 2016 », déclare le comité onusien dans son rapport. Les chiffres de la Banque africaine de développement (BAD) précisent qu’en 2016 le pétrole représente la quasi-totalité des exportations du pays et environ 60 % de son produit intérieur brut (PIB).

La moitié du budget dédiée à la défense

Mais l’inquiétude des observateurs vient du fait que, malgré la situation alarmante dans laquelle est plongé le pays, au moins la moitié du budget, et « sans doute bien plus » est consacrée à la défense. « En dépit de l’ampleur des crises politique, humanitaire et économique, le comité continue de découvrir des preuves de la poursuite d’acquisition d’armes par le (…) gouvernement pour l’armée sud-soudanaise, le service de sécurité nationale et d’autres milices et forces associées”, précise le rapport. Il ajoute que les parties prenantes dans le conflit continuent de violer les droits humains « dans une impunité presque totale, et un manque d’efforts crédibles pour empêcher ces violations ou punir leurs auteurs ».

Le 20 février, les Nations unies ont déclaré plusieurs zones du pays en état de famine et estimé que 42 % de la population, soit 4,9 millions de Sud-Soudanais, ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Une situation liée directement au comportement de Juba : « Les éléments suggèrent que la famine (…) est le résultat du conflit prolongé et en particulier, du tribut cumulé des opérations militaires menées par le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM/A) au gouvernement (…), du déni d’accès à l’aide humanitaire, principalement par le SPLM/A au gouvernement et des déplacements de populations liés à la guerre. »

Volonté d’un embargo sur les armes

Deux ans après l’indépendance du pays en 2011, une guerre civile avait éclaté entre les forces gouvernementales fidèles au président Salva Kiir et les rebelles engagés au côté de l’ex-vice-président Riek Machar, en exil en Afrique du Sud. Selon les Nations unies, au moins un quart des Sud-Soudanais a été déplacé par le conflit depuis 2013. Les moniteurs de l’ONU recommandent d’imposer un embargo sur les armes et d’autres sanctions contre les dirigeants du pays, une résolution rejetée à la fin du mois de décembre 2016, n’ayant pas réussi à recueillir les neuf voix nécessaires à son adoption.

Jeudi 23 mars, le ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, Boris Johnson, présidera une réunion du Conseil de sécurité sur le Soudan du Sud. Le chef de la diplomatie britannique réalise un voyage en Afrique de l’Est depuis mercredi 15 mars. Il a commencé sa tournée en Somalie, où il a été question de la grave sécheresse qui sévit dans la région, avant de se rendre en Ouganda, puis en Ethiopie et au Kenya.