Le thème de la laïcité a cristallisé quelques tensions entre trois des cinq candidats participants au débat de la présidentielle. A la question de Gilles Bouleau, « la République doit accepter des accommodements, qu’est-ce que cela doit vouloir dire ? », Benoît Hamon, le candidat du PS, a répondu en répétant être « pour la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905 » :

« Une femme qui s’habille comme elle veut et ne devrait se voir imposer sa tenue au motif qu’elle serait indécente, comme celle qui porte un foulard devant être protégée elle aussi. »

Marine Le Pen a saisi cette occasion pour dénoncer une « montée du fondamentalisme islamiste depuis 1906 () sous la pression des revendications incessantes qui sont des revendications vestimentaires, alimentaires, etc. » La candidate du Front national a alors fait valoir qu’elle souhaitait inscrire dans la Constitution : « La République ne reconnaît aucune communauté. »

« Je n’ai pas besoin de ventriloque »

Face à cette tirade, Benoît Hamon lui a demandé si elle remettait également en cause le Concordat en Alsace-Moselle. « La laïcité, comme ça vous arrange », lui a-t-il reproché, devant le refus de répondre de Mme Le Pen. Haussant le ton, cette dernière a interpellé les quatre autres candidats : « Vous ne voulez pas voir la gravité » Puis elle a tout particulièrement interpellé Emmanuel Macron au sujet du « burkini » :

« Il y a quelques années, il n’y avait pas de burkini sur les plages. Je sais que vous êtes pour, Emmanuel Macron. »

Après quelques rires dans l’audience, le candidat d’En marche !, plutôt discret jusqu’alors, lui a répondu sans façon : « Je n’ai pas besoin de ventriloque (), quand j’ai quelque chose à dire je le dis clairement. »

Ayant reproché à Mme Le Pen de parler à sa place, M. Macron l’a ensuite accusée de « provocation » et de vouloir « diviser la société ». Puis il a déroulé son point de vue sur la question :

« Pour le “burkini”, je suis pour éviter d’en faire un grand débat sur la laïcité. Vous tombez dans le piège de diviser les Français. Pour le plus grand nombre, la religion et la laïcité ne sont pas un problème. »

Il a ensuite accusé la candidate de faire des musulmans français des « ennemis de la République ».

Revenant à la charge, celle-ci lui a répondu :

« Je veux qu’on pense à ces jeunes femmes qui ne peuvent pas se vêtir comme elles le veulent, à qui on impose le voile, car on a laissé la main aux fondamentalistes. »

C’est, finalement, Jean-Luc Mélenchon qui lui a répondu, arguant que Mme Le Pen ne pouvait pas « aller jusqu’à établir une police du vêtement dans la rue. () Vous voulez interdire aux gens de porter les cheveux verts dans la rue ? » « Le voile est un acte de soumission de la femme », a conclu la présidente du Front national.