La foire aux questions (Q&A) de ce couple n’est visible sur YouTube que si l’on a désactivé le « mode restreint ». | YouTube / our swirl life

« Je n’arrive pas du tout à comprendre comment c’est possible. » Sur Twitter, Shannon Beveridge, une youtubeuse, s’interroge. Sa chaîne, qui compte 477 000 abonnés et 51 millions de vues, affiche en temps normal 127 vidéos. Mais une fois le « mode restreint » activé, on n’en trouve plus que 17. Toutes celles dans lesquelles elle évoque son homosexualité, fait des challenges avec sa petite amie ou répond avec cette dernière aux questions de ses abonnées, disparaissent ainsi en un clic.

Un constat partagé par des dizaines d’autres youtubeurs LGBT (lesbienne, gay, bi et trans), dont les témoignages se sont multipliés dimanche 19 mars. Tutoriels maquillage pour transexuels et coming out ont ainsi été blacklistés du mode restreint de la plate-forme, supposé permettre à qui le désire « de masquer les vidéos comportant des contenus inappropriés signalés par les utilisateurs ou décelés d’une autre manière ».

« Honte à vous YouTube »

Face à la polémique, YouTube a réagi, publiant sur Twitter un « message pour [sa] communauté ».

« Nous sommes si fiers de représenter les voix LGBTQ + sur notre plate-forme, elles sont une partie importante de ce qu’est YouTube. L’objectif du mode restreint est de filtrer les contenus matures pour la petite catégorie d’utilisateurs qui veulent une expérience plus limitée. Les vidéos LGTBQ + sont disponibles en mode restreint, mais celles qui parlent de problèmes plus sensibles peuvent ne pas l’être. Nous regrettons toute confusion que cela ait pu causer et nous penchons sur vos interrogations. »

Peu semblent avoir été convaincus par ces explications. « [Parler] d’acceptation de soi [n’est] pas juste un message pour les audiences matures. Honte à vous YouTube », a ainsi tweeté Cole Ledford, un youtubeur directement concerné par la polémique.

Twitter

A ce propos, un porte-parole de YouTube a expliqué au Guardian que la définition des « contenus matures » était en fait plus large qu’on ne pourrait le croire. Selon lui, cela concernerait ainsi des sujets larges, tels que la santé, la politique, ou la sexualité.

Reste que certaines vidéos sur ce dernier thème ne semblent présenter le même degré d’inapropriation, selon qu’elles concernent des couples hétérosexuels ou des couples homosexuels. Une simple recherche sur YouTube de « couple Q & A » (foires aux questions réalisées en couple), avec le mode restreint activé, puis désactivé, permet de s’en rendre compte.