Carrefour proposera son compte C-zam dans ses hypermarchés comme dans ses magasins de proximité, soit plus de 3 000 points de vente. | BORIS HORVAT / AFP

Entre les bottes de carottes et les yaourts, Carrefour s’apprête à distribuer dans ses rayons des comptes bancaires, dénommés « C-zam », accessibles en libre-service sous la forme de coffrets. Ces boîtes, commercialisées à partir du 18 avril, contiendront une carte de paiement internationale MasterCard associée à un compte courant, activable en ligne en quelques minutes.

L’enseigne vient ainsi concurrencer les banques avec une offre basique et bon marché. Le fonctionnement de ce compte courant s’apparente en effet au Compte-Nickel, distribué depuis trois ans dans les bureaux de tabac : il sera proposé à tous, y compris les clients exclus du système du bancaire, car la carte à autorisation systématique ne permettra pas les découverts. Le client ne pourra pas déposer de chèque ni recevoir de chéquier. Mais le compte pourra être approvisionné par virement ou carte bancaire, émettre des virements et des prélèvements, et permettra de payer et de retirer de l’argent en France et à l’étranger.

Le compte C-zam ne fixera aucune condition de revenus, mais sera vendu 5 euros en magasin, puis le client devra verser 1 euro par mois pour les frais de tenue de compte. Les retraits au distributeur automatique, facturés 1 euro en France et à l’étranger, seront gratuits dans les automates du réseau de BNP Paribas, coactionnaire de Carrefour Banque au côté du distributeur. En revanche, aucune commission ne sera prélevée pour les paiements par carte à l’étranger.

« C’est une offre alternative intéressante, pas tant pour un compte principal car il n’y a ni chéquier ni découvert, mais axée shopping, et qui s’adresse aux jeunes et aux familles », note Romain Espinasse, responsable banque des comparateurs de tarifs Meilleurebanque.com et Meilleurtaux.com. De fait, la carte permettra l’enrôlement automatique au programme de fidélité Carrefour.

Plus de 3 000 points de vente

Toute la question est de savoir si cette activité sera à terme rentable, alors que la quasi-totalité des banques en ligne, Compte-Nickel compris, ne gagnent pas d’argent. « Le modèle économique est celui d’un distributeur, avec des volumes importants et des marges faibles », explique Julien Jaillon, directeur général de Carrefour Banque et Assurance. L’enseigne proposera son compte C-zam dans ses hypermarchés comme dans ses magasins de proximité, soit plus de 3 000 points de vente et elle entend bien capitaliser sur les 3 millions de clients qui viennent chaque jour y faire leurs courses.

Un modèle de distribution bancaire jusqu’alors inédit, mais qui ne devrait pas dérouter les consommateurs. D’une part parce que le distributeur propose déjà dans ses agences Carrefour Banque toute une gamme de produits (carte Pass, prêt personnel, épargne…). D’autre part parce que près d’un Français sur cinq serait prêt à ouvrir un compte chez un acteur de la grande distribution, selon une étude ObSoCo réalisée ce mois-ci pour Carrefour Banque.

Dans la foulée, un autre concurrent de poids viendra bousculer le marché : l’opérateur de télécoms Orange lancera en effet son offre bancaire à la mi-mai.