François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Benoît Hamon, avant le débat télévisé organisé par TF1 et LCI, lundi 20 mars. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

Alors que depuis la fin janvier, et les premières révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon, la campagne présidentielle est rythmée par les affaires, celles-ci ont été absentes du débat télévisé organisé lundi 20 mars, à trente-quatre jours du premier tour. Les cinq candidats à l’élection présidentielle les mieux placés dans les sondages – Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon – ont débattu pendant plus de trois heures, en arc de cercle sur le plateau de TF1 et LCI.

Mis en examen depuis le 14 mars, François Fillon s’attendait à être au centre des attaques de ses adversaires sur ce sujet délicat. Il aura, finalement, été relativement épargné. Dans la première moitié des échanges, le candidat Les Républicains s’est même permis de venir lui-même sur ce terrain en proposant de mettre en place une « commission qui planche sur les conflits d’intérêts et les règles de la transparence » en cas d’élection à l’Elysée. Aucun autre candidat ne l’a alors interpellé.

François Fillon n’a pas eu à se défendre

Ce n’est que, lorsque les journalistes ont évoqué le « climat des affaires », sans être plus précis, que Jean-Luc Mélenchon a brisé le non-dit qui s’installait dans le studio, moquant ces « pudeurs de gazelle ». « Ici, il n’y a que deux personnes qui sont concernées : M. Fillon et Mme Le Pen. Nous n’avons rien à voir avec tout ça, alors s’il vous plaît, ne nous mettez pas dans le même sac », a insisté le candidat de La France insoumise, avant d’égréner ses propositions pour plus de transparence, comme l’interdiction pour un élu d’embaucher des membres de sa famille. « Il n’est pas interdit aux électeurs de récompenser les vertueux et de châtier ceux qui leur paraissent ne pas l’être », a conclu l’ancien socialiste.

Débat de la présidentielle : les affaires touchant Fillon et Le Pen évoquées à demi-mot par leurs adversaires
Durée : 01:30

« C’est Robespierre… », a alors rétorqué Marine Le Pen, elle-même visée par plusieurs affaires concernant des emplois présumés fictifs d’assistants au Parlement européen. Seul Benoît Hamon a glissé une allusion aux soupçons qui pèsent sur M. Fillon. Attaqué par ce dernier sur son projet de réduction du temps de travail à 32 heures, le candidat socialiste n’a pas laissé passer l’occasion : « Vous, c’est 500 000 fonctionnaires en moins. Vous êtes très fort en soustraction, un peu moins en addition quand il s’agit de votre propre argent ! » Mais, sur le fond, l’ancien premier ministre n’a jamais eu à détailler sa défense. Aucune allusion sur son train de vie, ses costumes payés par l’homme d’affaires Robert Bourgi ou ses amitiés avec des grands patrons.

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François Fillon a même reçu le soutien de Marine Le Pen qui a semblé aller dans son sens. « J’espère qu’elle [la justice] sera aussi rapide que pour M. Fillon », a-t-elle lancé à Emmanuel Macron qui lui reprochait des propos relevant de la « diffamation ». « C’est ce qu’on appelle la justice TGV », a embrayé l’ancien premier ministre qui a profité de sa conclusion pour livrer des éléments de langage désormais bien rodés : « J’ai pu commettre quelques erreurs. J’ai des défauts – qui n’en a pas –, mais j’ai de l’expérience. »