Jean-Luc Melenchon, le 18 mars, place de la République. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Après une vidéo publiée sur son blog, Christian Schoettl, maire de Janvry (Essonne) et classé à droite, a choisi le magazine Capital pour attaquer Jean-Luc Mélenchon. Dans un entretien publié mercredi sur le site du mensuel, l’ancien conseiller départemental, exécédé par les propos du candidat de La France insoumise visant François Fillon, l’accuse de népotisme. « On va lui faire une piqûre de rappel, et lui parler de sa propre désinvolture. Parce qu’en décembre 2009, c’est sa fille Maryline qu’il a fait embaucher par le conseil général de l’Essonne », affirme-t-il.

M. Schoettl explique ainsi que la fille unique de M. Mélenchon a été recrutée par le conseil général à cette époque comme agent administratif. Si ce dernier ne conteste pas la légalité de son recrutement, il s’étonne de cette « étrange coïncidence ». « A l’issue de cette procédure de recrutement, qui voit-on arriver à un poste de “chargée de coopération” ? La fille d’un ancien vice-président du conseil général, par ailleurs toujours sénateur de l’Essonne. »

Ce département est le fief politique de Jean-Luc Mélenchon qui y a construit une grande partie de sa carrière. Repéré par l’ancien maire de Massy, Claude Germon, à la fin des années 1970, il devient son directeur de cabinet avant de prendre la tête de la fédération du PS en 1981. Elu sénateur de l’Essonne en 1986, il est aussi vice-président du conseil général de 1998 à 2004. Il quittera le PS en 2008 pour fonder le Parti de gauche et démissionnera de son siège au Palais du Luxembourg lorsqu’il sera élu à Bruxelles l’année suivante.

Des « attaques ignobles »

Dans un post sur Facebook, publié jeudi, Maryline Mélenchon indique avoir porté plainte pour diffamation contre M. Schoettl. Une procédure en référé d’heure à heure qui sera jugée le 4 avril, selon l’entourage du député européen. Cette fonctionnaire territoriale y dénonce des « attaques ignobles », faites pour la « déshonorer, ainsi que [son] père » : « J’ai été recrutée au conseil général par voie de mutation selon les règles normales de la fonction publique territoriale (…) M. Schoettl sait très bien, également, qu’au moment de ma mutation, Jean-Luc n’est plus élu au conseil général depuis plus de 5 ans et qu’il a déjà quitté le PS qui gère cette collectivité. » Elle déplore enfin de « devoir lutter contre la force des préjugés » : « Je suis rédacteur de la [fonction publique territoriale], je gagne 1 600€ net par mois, je bénéficie d’un 13e mois, j’ai 23 jours de RTT, 27 jours de congés et une conscience professionnelle développée. »

Président du conseil général de l’Essonne au moment où Maryline Mélenchon fut embauchée, Michel Berson, aujourd’hui sénateur PS, assure ne pas s’être mêlé de ce recrutement. « J’en ai été informé après coup », dit-il. La fille de M. Mélenchon a adressé sa candidature aux services ressources humaines du département pour postuler sur un poste vacant, qui avait fait l’objet d’une offre d’emploi, explique-t-il : « Son profil correspondait à ce qui était recherché. Elle a passé un entretien qui s’est avéré positif et elle a été sélectionnée. »

Un « procédurier pathologique »

De plus, ajoute-t-il, Jean-Luc Mélenchon ne lui a jamais parlé des démarches de sa fille : « Je n’avais plus de relation avec lui à l’époque. Il avait quitté le PS et n’était plus membre du conseil général. Il n’a pas demandé que sa fille soit prise par la collectivité que je présidais. Dans cette affaire, il n’y a aucun népotisme. » Sollicité, le conseil général de l’Essonne, passé à droite en 2015, n’a pas donné suite.

Ancien proche de M. Mélenchon avec qui il est fâché, Jérôme Guedj, conseiller départemental PS de l’Essonne et ex-président du conseil général (2011 à 2015), décrit M. Schoettl comme un « procédurier pathologique dans l’outrance permanente » qui « profite de l’exposition médiatique pour réexister ». En 2010, le maire de Janvry avait déjà formulé ces accusations à l’encontre de M. Mélenchon, qu’il qualifiait lui-même comme l’une de ses « têtes de Turc préférées ». A l’époque, il indiquait aussi avoir appelé son « chameau Méluche car il blatérait de la même façon ».

Trois ans plus tôt, le maire de Janvry avait cependant obtenu une victoire face à son ex-collègue, après avoir signalé à la justice que M. Mélenchon, devenu sénateur, utilisait une voiture avec chauffeur appartenant au conseil général alors qu’il n’était plus membre de cette collectivité. Ce dernier avait alors écopé d’un rappel à la loi de la part du procureur de Créteil.