Vincent Bolloré, le 30 mai 2016, lors de la présentation du Bluebus de la RATP équipé des batteries électriques produites par Blue Solutions. | ERIC PIERMONT / AFP

Vincent Bolloré à cette capacité rare, même chez les grands entrepreneurs, de fourmiller d’idées et d’ambitions et de pouvoir toutes les mener de front. Un jour à bord d’un train africain, le lendemain dans une agence de publicité, le jour d’après au volant d’une voiture électrique, avant d’arpenter un studio de télévision. Avec le risque évidemment de se voir conduit un jour à gérer autant de difficultés qu’il a ouvert de chantiers.

Des résultats financiers en repli

En 2016, il a été servi  : un train qui déraille au Cameroun (79 morts), un procès retentissant avec le numéro un italien des médias (Silvio Berlusconi), des comptes qui dérapent dans l’autopartage (Autolib’), une télévision qui perd ses abonnés (Canal+). Et, par-dessus cela, une conjoncture moins favorable pour ses principales activités, les moins médiatiques, la logistique et le transport. Le groupe a annoncé, le jeudi 23 mars, des résultats financiers en repli, de 11 % pour le résultat opérationnel et de 7 % pour le chiffre d’affaires.

L’heure est peut-être au repli de la toile pour le capitaine breton face au crachin qui s’installe. Témoin, la décision de retirer de la Bourse sa filiale Blue Solutions, vaisseau amiral de ses ambitions dans le domaine de l’électricité. A partir d’une invention maison, le stockage de l’électricité par la technologie Lithium métal polymère, il a construit une activité qui se déploie de la vente de batteries pour les centrales solaires à la gestion de système d’autopartage urbain.

Introduite en fanfare sur le marché parisien en 2013, l’embarcation entend se mettre à l’abri en quittant la cote boursière. Le groupe Bolloré propose de racheter les 11 % aux mains des actionnaires individuels en les rachetant 70 % plus cher que leur cours de début de semaine. Passe délicate pour l’obstiné Finistérien qui investit depuis plus de quinze ans dans la voiture électrique. Probablement son pari le plus cher et personnel, même si cette activité ne représente que 3 % de son activité.

Un modèle économique qui vacille

Il entend imposer ses batteries dans l’automobile, les bus et, en stationnaire, pour les centrales solaires. Mais la E-Méhari électrique élaborée avec Citroën n’a été vendue qu’à 900 exemplaires en 2016 et le modèle économique d’Autolib’ vacille, avec un déficit de 179 millions d’euros anticipé pour 2023 dont une partie à la charge des collectivités. Le décollage du marché des bus est lié au choix de la RATP d’adopter sa technologie, et l’activité pour le stationnaire marque le pas. Il faut dire que de Tesla, qui déploie dans le Nevada la plus grande usine du monde, à Total, qui a acheté Saft, la concurrence s’intensifie.

Avec en fond de tableau, la pertinence du choix technologique d’une batterie plus robuste mais moins performante en autonomie que celle des autres concurrents mondiaux. Il est en effet grand temps de trouver refuge en attendant que le gros temps se dissipe, ce qui peut prendre du temps en Bretagne.