« Poissons d’avril », de Martial Raysse (2007). | martialraysse.com

Si célèbre soit-il, Martial Raysse n’abuse pas des expositions en galerie : depuis 2005, il n’en avait plus eu à Paris. Mais quand il accepte, il en fait deux à la fois puisque son galeriste lui offre cette possibilité. En ce début de printemps sont accrochés, rive gauche, des dizaines de ses travaux sur papier : dessins, gouaches, collages. Les études d’anatomies ont préparé les grandes peintures symboliques de la dernière décennie. Paysages et visages relèvent plutôt d’une discipline quotidienne de l’observation du monde et de l’expérimentation de différentes manières de figurer, elliptiques ou détaillées, sculpturales ou spectrales.

Le but n’est pas d’achever un « beau » dessin mais d’inscrire sur le papier l’essentiel d’une expression ou d’une sensation. Parfois, Raysse rassemble ce qu’il appelle ses « petits bouts » sur la même feuille et y glisse des allusions à l’histoire de l’art ancien et moderne : promenades au musée, avec une prédilection pour les salles de la Renaissance italienne.

Rive droite, deux toiles dominent, La Belle Jeanne, grande figure féminine solaire qui tient un pantin ailé au bout de ses fils et dont on ne sait déchiffrer le visage impassible et Ignoble horreur, peinture d’histoire actuelle d’une dureté tragique très rare dans son œuvre. La référence aux attentats de novembre 2015 est flagrante. Les sculptures et dessins qui l’environnent ne peuvent dissiper l’effroi et la révolte qu’elle suscite.

« Sera montrée une suite de dessins, études et modellos, issus d’une pratique peu usitée de nos jours, mais qui n’a rien perdu de son charme, ni de sa pertinence », 47 rue Saint-André-des-Arts, Paris, 6e et « La Belle Jeanne », 28, avenue Matignon, Paris, 8e. www.kamelmennour.com. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 24 avril.