Depuis jeudi, des barrages obstruent une dizaine de ronds-points stratégiques du littoral guyanais. | JODY AMIET / AFP

Touchée depuis plusieurs jours par une série de mouvement sociaux, la Guyane voit la mobilisation prendre de l’ampleur, avec le vote, samedi 25 mars, par l’Union des travailleurs guyanais (UTG) de la grève générale à compter de lundi. La mobilisation, soutenue par des collectifs de citoyens, dénonce globalement les problèmes du territoire en matière de santé, d’éducation, d’économie, de sécurité, d’accès au foncier ou de logement.

Samedi, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a appelé à « l’apaisement, (…) au calme [et] au dialogue parce que rien ne se construit dans le désordre et l’affrontement », en marge d’une visite au Salon du livre, à Paris, annonçant avoir « pris des dispositions de manière à ce que le dialogue puisse s’engager en Guyane, que nous puissions prendre des mesures le plus rapidement possible qui doivent être prises ». Le gouvernement a décidé vendredi de l’envoi d’une « mission interministérielle de haut niveau » dans le territoire ultramarin.

Conduite par Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, la mission est attendue samedi après-midi dans ce département et région d’outre-mer. La délégation est composée de plusieurs hauts fonctionnaires connaissant bien la situation guyanaise issus de différents ministères.

Grève générale pour « protéger les salariés grévistes »

En votant à l’unanimité la grève générale à compter de lundi, les 37 syndicats réunis au sein de l’UTG souhaitent protéger les salariés grévistes dans des secteurs très divers, a précisé Albert Darnal, le secrétaire général de l’organisation.

Regroupant pèle-mêle des salariés d’EDF, des collectifs contre l’insécurité, un collectif dénonçant l’insuffisance de l’offre de soins et les retards structurels en matière de santé, ou encore des socio-professionnels et des transporteurs, le mouvement de protestation a notamment monté des barrages obstruant depuis jeudi une dizaine de ronds-points stratégiques du littoral guyanais, bloquant notamment l’entrée de Cayenne.

Les mouvements sociaux en Guyane ont notamment conduit Arianespace à ajourner le lancement d’une fusée et le rectorat à fermer les établissements scolaires jusqu’à nouvel ordre. « La situation est toujours tendue. Nous n’avons plus de barrages sauvages, mais ça reste compliqué », a déclaré samedi la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, qui avait proposé jeudi la tenue de discussions à Paris autour de l’économie, de la santé et de la sécurité, les principaux sujets de revendication des manifestants, afin de « traiter sans délai les problèmes immédiats ». Une demande rejettée par les participants aux mouvements sociaux, refusant de se rendre à Paris pour négocier avec le gouvernement.